Source : Internet
Ecrit en chinois courant par : Liu Xin
Corrections des signes de ponctuation et des erreurs
de frappe par des disciples du Vajrayana
 
Un chacal qui expose le Dharma bouddhiste
 

Ne dites pas que les animaux n’ont pas de nature de Bouddha, lisez simplement l'article suivant >>>

L’Honoré du Monde a dit : « Il y avait d’innombrables kalpas, dans la montagne Tutuoshan du royaume Pimaguo, un jour, un chacal (c’est un animal qui ressemble au renard, mais de taille inférieure) était poursuivi par un lion affamé qui voulait l’attraper comme sa proie. Le chacal courait si vite qu'il tomba dans un puits et ne put en sortir. Au bout de trois jours, le chacal sentait qu’il n’y avait plus aucun espoir de survivre et il dit ainsi : « En affrontant un tel désastre, je vais finir ma vie dans ce puits. Toutes les choses sur Terre sont impermanentes et changeantes. Dommage que je n’aie jamais fait de mérite vertueux dans ce corps de karma rétributif (apatti-vipaka). Pire encore, j’ai sali l’eau de puits avant de mourir. J’aurais dû laisser le lion me dévorer dès le début. Mon esprit étant pur et paisible, je prends refuge par la présente dans tous les Bouddhas des Dix Directions et leur confesse mes péchés. Je souhaite sincèrement que les mauvais karmas créés par mon corps, ma parole et mon esprit dans mes vies passées pourront être acquittés dans cette vie présente. Avec les trois karmas (trini-karmani) purifiés, mon esprit peut rester réel et je peux rencontrer des Maîtres (bons enseignants) de génération en génération. En pratiquant conformément au Dharma, j’espère ardemment atteindre la Bouddhéité le plus rapidement possible. »

A ce moment-là, le souverain Sakra (le seigneur des 33 Cieux), qui pouvait entendre l’appel par le chacal des noms de tous les Bouddhas des Dix Directions, pensa soudainement à tous les Bouddhas du passé. En pensant que lui-même avait manqué d’enseignements de bons Maîtres, qu’il avait sombré dans les plaisirs des cinq sens sans pouvoir se détacher de la prison de l'amour affectif, le souverain Sakra ne put s'empêcher de pleurer. Ainsi, il emmena quatre-vingt mille êtres célestes et ils arrivèrent au puits où le chacal était piégé pour implorer le Dharma. Lorsque le souverain Sakra vit le chacal qui, au fond du puits, grimpait sur la paroi de terre avec les deux pattes pour se dégager du puits, mais en vain, il pensa : « L'émanation (nirmita) des sages n’a pas de méthodes fixes à suivre. Bien que je voie maintenant l'image d'un chacal, cela doit être la manifestation d'un Bodhisattva. Je devrais le consulter à propos du Dharma de Bouddha afin de me débarrasser de mon doute. De plus, cela permet également aux quatre-vingt mille êtres célestes d’entendre le Dharma de Bouddha. »

Le souverain Sakra dit : « Cela fait longtemps que nous n’avons pas entendu l’extraordinaire Dharma de Bouddha. Nous nous situons maintenant dans l’ombre où il n’y a pas de bons Maître pour nous guider. Ce que vous venez de dire n’est en aucun cas ordinaire. J'espère que vous pourrez prêcher le Bouddhisme aux êtres célestes ici et nous éveiller tous. » Le chacal leva la tête et répondit : « Vous, en tant que souverain céleste, n’avez même pas de règles de politesse ! Vous ne savez pas ce que c’est le moment opportun. Vous êtes ignorant et orgueilleux. Y a-t-il un Maître qui se trouve dans une position basse alors que celui qui implore le Dharma se trouve dans une position haute ? Un tel comportement est loin d'être respectueux, sans parler du fait d’implorer l’enseignement du Bouddha. Le Dharma de Bouddha est comme une eau pure, qui peut hydrater et être bénéfique aux gens. Cependant, ceux qui ont un esprit hautain et arrogant, comment peuvent-ils apprendre le Bouddhisme ? » Après avoir entendu les paroles du chacal, le souverain Sakra eut très honte. Les êtres célestes qui le suivaient furent choqués de le voir réprimandé et ils cessèrent tous de rire : « Non seulement le seigneur céleste a perdu son temps à descendre au monde cette fois-ci, il a en plus été réprimandé à tel point qu'il avait honte de lui-même. Quelle pitié ! » Le souverain Sakra dit immédiatement aux êtres célestes : « Ne soyez pas étonnés. En effet, mon comportement est inapproprié. Nous devrions être capables d’avoir honte de nos propres fautes avant de pouvoir entendre l’essentiel du Bouddhisme. » Ainsi, il pendit tout de suite ses précieux vêtements célestes pour accueillir le chacal hors du puits. Après cela, il rendit hommage et présenta également ses excuses (au chacal). Il cogna sa tête contre le sol pour se confesser et invita cordialement le chacal à leur exposer le Dharma de Bouddha. Il dit : « Nous sommes exactement comme ce que vous avez dit : sans un Maître pour nous enseigner les principes de la souffrance, du bonheur, de la permanence et de l'impermanence, nous sombrons simplement dans les plaisirs des cinq désirs. » Les êtres célestes préparèrent de la nourriture splendide pour le chacal. Après avoir mangé, le chacal ne se sentait plus désespéré. Son esprit était rempli d’excitation et de satisfaction puisqu’une catastrophe accidentelle avait amené un tel bon incident.

Le chacal avait en tête : « Parmi les espèces d’animaux, aucun n’est plus laid ni plus vulgaire que les chacals. C’est seulement grâce au pouvoir de la Sagesse que je peux être comme cela maintenant. » Il pensa encore : « Je n’apprécie pas au départ ce corps physique incomplet et cette vie. Donc, la raison pour se sentir heureux est que ces êtres célestes ignorants suivent avec gratitude le souverain Sakra qui, possédant un peu de sagesse de Prajna, les a emmenés venir écouter le Dharma de Bouddha. Cela m’offre aussi une chance de propager le Dharma. » Il s’exclama alors : « Bravo ! Il y a rien qui peut nous rendre encore plus joyeux que cela. Je devrais maintenant prêcher le Dharma de Bouddha afin de réaliser un mérite vertueux. » Puis il pensa : « C’est grâce à mon Maître qui m’a enseigné la sagesse et les moyens habiles que je peux jouir de la grâce aujourd’hui. Prenez refuge dans mon Maître, prenez refuge dans mon Maître ; prenez refuge dans la Sagesse Prajna, prenez refuge dans la Sagesse Prajna. Bien que j’aie commis des erreurs qui m’ont fait sombrer dans les destinées infortunées, je suis capable de connaître pleinement les causes et conditions des vies antérieures. Le pouvoir de la Sagesse Prajna peut émouvoir tant d’êtres célestes à descendre dans le monde humain pour me soutenir et me donner des offrandes. De plus, on me donne une chance de propager le Dharma de Bouddha pour que mon souhait soit également réalisé. » A ce moment-là, le souverain Sakra exhorta tous les êtres célestes : « D'après ce qu’a dit le Maître, il va certainement nous prêcher le Dharma de Bouddha et nous allons tirer de grands bénéfices aujourd'hui. Nous devrions tous nous prosterner devant lui et l’inviter respectueusement à nous enseigner. » Toutes les êtres célestes acceptèrent de le faire. Ils se prosternèrent respectueusement devant le chacal et l'entourèrent avec leur épaule droite nue. Puis, ils s’agenouillèrent avec leurs paumes jointes et dirent ensemble : « Nous invitons cordialement le maître chacal à exposer le Dharma de Bouddha et à enseigner à nous tous, des êtres célestes ignorants qui avons sombré dans les cinq désirs. Nous craignons constamment qu’au cas où l'impermanence surviendrait et que notre récompense bénie serait jouie entièrement, nous tombions dans les trois destinées infortunées après la mort, d'où il serait difficile de s'échapper à nouveau. Il faut des milliards d’années avant que nous ne puissions rencontrer une fois un tel champ de mérite. Nous espérons sincèrement que vous pourrez donner un discours sur le Dharma de Bouddha ainsi que sur la Vue Juste afin que non seulement nous, les êtres célestes, en bénéficierons, mais également tous les êtres qui recevront des bénédictions en conséquence. Nous souhaitons que nous ne serons jamais séparés de vous avant que nous n’ayons tous atteint la Bouddhéité, car il est difficile de rencontrer de bons maîtres spirituels (Kalyanamitra), nous devons donc prêter un tel serment. »

Voyant tous les êtres célestes le convaincre avec enthousiasme et vouloir vraiment écouter l’enseignement de Bouddha, le chacal se sentit encore plus ravi. Il dit au souverain Sakra : « J’ai déjà vu que lorsque les gens sur Terre souhaitaient écouter le Dharma de Bouddha, ils installaient d’abord un grand trône de Dharma solennel avant de demander au Maître de monter sur le trône pour exposer le Dharma de Bouddha. Savez-vous pourquoi ? Les sutras bouddhistes sont extrêmement vénérables, quand on les respecte, la récompense bénie sera obtenue. Ne nuisez pas vos propres bienfaits à cause de la négligence. » Après avoir entendu (ce que le chacal avait dit), tous les êtres célestes ôtèrent immédiatement leur vêtement précieux et les empilèrent pour en faire un grand trône élevé. En un clin d'oeil, un trône incomparablement solennel et pur fut achevé. Le chacal monta sur le trône et dit au souverain Sakra : « Il y a deux raisons pour lesquelles j’expose aujourd’hui le Dharma de Bouddha. Premièrement, c’est pour enseigner aux êtres célestes afin d’obtenir des bénédictions incommensurables. Deuxièmement, c’est pour vous remercier de la gentillesse de vos offrandes de nourriture. Comment puis-je ne pas l’exposer ? »

Le souverain Sakra dit : « Nous vous avons sauvé hors du puits et préservé votre vie. Ce mérite vertueux devrait être le plus grand. Puisque vous remboursez maintenant la dette de gratitude en exposant le Dharma de Bouddha, pourquoi ne parlez-vous pas de ce mérite vertueux ? Tous les êtres espèrent avoir une vie paisible et heureuse et aucun d'entre eux n'est prêt à mourir. Ainsi, le mérite vertueux de préserver une vie devrait être très grand ! » Le chacal répondit : « Les gens ont des préférences différentes face à la naissance et à la mort : certains s’accrochent avec avidité à la vie alors que d’autres ont un esprit ouvert face à la mort. Quel genre de personnes a peur de la mort ? Ce sont ceux qui sont ignorants avec des vues erronées quand ils sont en vie, ceux qui ne croient pas à l’au-delà, ceux qui s’éloignent du Dharma de Bouddha, ceux qui ne rencontrent pas de bons maîtres, ceux qui commettent tous types de crimes tels que l’homicide, le vol, l’adultère et le mensonge. Seul ce genre de personnes s’accroche lamentablement à la vie au lieu de braver la mort. Quel genre de personnes a un esprit ouvert face à la mort ?  Ce sont ceux qui peuvent rencontrer de bons maîtres, ceux qui vénèrent les Trois Trésors, ceux qui corrigent de mauvais actes et pratiquent de bons actes, ceux qui exercent la piété filiale envers leurs parents et qui respectent leurs enseignants, ceux qui s’entendent bien avec leur épouse, leur famille et leurs serviteurs, ceux qui considèrent les autres avec modestie et respect. Ces personnes sont désenchantées de leur corps et ont un esprit ouvert face à la mort. Quand une personne vertueuse meurt, elle montera dans le ciel pour jouir des plaisirs des cinq désirs grâce à sa récompense bénie ; en revanche, dès qu’une personne immorale meurt, elle tombera en enfer pour subir d’innombrables souffrances. Une personne vertueuse qui affronte la mort avec magnanimité est comme un prisonnier qui est libéré de la prison alors qu'une personne immorale craint la mort comme si elle est emprisonnée et devient prisonnière. »

Le souverain Sakra demanda : « D’après ce que vous avez dit, il n’y a pas vraiment de mérite vertueux en aidant les autres à sauver leur vie. Qu'en est-il des deux autres raisons ? Quels sont leurs mérites vertueux ? Pourriez-vous nous expliquer cela ensemble afin de nous éclairer, nous qui n’avons pas encore compris ? » Le chacal répondit : « Donner de la nourriture peut sauver la vie d’une personne pendant un jour. Donner un trésor peut offrir une récompense bénie à une personne pour toute la vie. Cependant, les deux entraînent une aggravation du cycle des réincarnations et de l’enchevêtrement de la cause du karma. Exposer le Dharma pour éclairer les êtres est connu sous le nom de Dana du Dharma, qui permet aux êtres de se libérer de la réincarnation des six états d’existence. Il existe trois types de personnes qui peuvent se délivrer de la réincarnation : le premier est le Bouddha, le second est le Pratyekabuddha (辟支佛), le troisième est l’Arhat. Ces sages ont tous commencé par écouter l’enseignement de Bouddha, puis ont pratiqué conformément au Dharma afin d’atteindre l’Eveil. La raison pour laquelle les êtres peuvent être exemptés de souffrances dans les trois destinées infortunées, mais jouissent de la bénédiction et du bonheur des êtres humains et des êtres célestes, c'est qu'ils ont entendu l’enseignement de Bouddha. En conséquence, le Dana du Dharma est l’acte le plus charitable et le plus pieux par lequel d’innombrables mérites vertueux peuvent être reçus.

Le souverain Sakra demanda : « Maître, votre corps actuel est-il une manifestation du pouvoir miraculeux ? » Le chacal dit : « C’est plutôt causé par la punition karmique. Ce n’est vraiment pas une manifestation. » Après avoir entendu la réponse du chacal, tous les êtres célestes étaient si surpris et chagrinés qu’ils ne pouvaient s’empêcher de verser des larmes. Ils se montrèrent encore plus respectueux envers le chacal et dirent : « Au début, nous pensions qu’il s’agissait d’une manifestation transformée du Bodhisattva dans le but de sauver des êtres. C’est maintenant que nous apprenons qu’il s’agit d’une punition karmique. Quelle est la cause qui a conduit à un tel effet ? Nous espérons sincèrement que vous êtes bienveillant pour nous en dire la cause-condition. » Le chacal dit : « C’est si bien que vous puissiez faire une telle demande ! Laissez-moi vous raconter ce qui s'est passé. J’étais né dans une famille pauvre de la ville de Varanasi, à Padma, au cours de ma vie antérieure. Je m'appelais Ajita, appartenant à la caste (gotra) de Kshatriya. Etant intelligent et aimant étudier, je suivais mon maître pour apprendre dans les montagnes reculées à l'âge de douze ans. J’apprenais diligemment et ne me relâchais jamais. Mon Maître m'enseignait également la connaissance ainsi que la sagesse jour et nuit afin de me guider de manière appropriée. Au bout de cinquante ans, Ajita maîtrisait parfaitement les 96 types de sutras et de traités, la médecine, l’incantation, l’astrologie. Il était célèbre pour sa sagesse et ses connaissances partout. Ajita pensait à ce moment-là : mes réalisations actuelles résultent toutes de l’enseignement du Maître et il est difficile de le remercier. Cependant, ma situation financière est si pauvre que je suis incapable de faire des offrandes à mon maître. La seule façon de remercier est de me vendre moi-même. Ayant une telle idée, il se prosterna alors devant son Maître et dit : Moi votre disciple, je voudrais me vendre pour faire des offrandes au Maître afin de pouvoir vous remercier pour votre bonté. Son Maître répondit : Je suis un ermite vivant dans les montagnes qui parvient à survivre en quémandant de la nourriture. Je ne manque de rien. Pourquoi as-tu besoin de vendre ton corps honorable pour me donner des offrandes ? Avec ta sagesse, ton talent et ton savoir, tu devrais pouvoir éclairer tous les êtres humains et devenir une lampe brillante du Dharma de Bouddha. Le mérite vertueux de ton enseignement suffit déjà à rembourser la dette de reconnaissance que tu me dois. Tu ne devrais plus avoir une telle pensée. En tant que sage, Ajita ne désobéirait pas aux instructions de son Maître. Par la suite, il continua à rester dans les montagnes et vivait en quémandant de la nourriture.

Peu de temps après, le roi mourut. Après s'être entretenus entre eux, ses fonctionnaires déclaraient à leurs citoyens qu'ils allaient rassembler tous les savants pour donner des discours et des débats ensemble, et le vainqueur serait couronné souverain. Ajita fut également appelé. Avec cinq cents autres savants, il débattait pendant sept jours et à la fin, personne ne pouvait le surpasser. Les fonctionnaires étaient si heureux qu'ils réunissaient des aristocrates, tels des Brahmanes, pour s'incliner devant Ajita et le soutenir en tant que roi. Voyant une telle circonstance, Ajita était à la fois ravi et inquiet. Il pensa : si je deviens le roi, j’engendrerai probablement une mauvaise habitude d’arrogance et rechercherai le plaisir, ce qui mènera les souffrances du peuple. Je sombrerai donc en enfer après la mort pour subir toutes sortes de souffrances. Si je refuse d'être le roi, ma situation financière est trop mauvaise pour que je puisse faire des offrandes au Maître et le remercier pour sa bonté. Après avoir réfléchi à plusieurs reprises, Ajita décida finalement d’accepter le soutien de tous. Il fut déterminé à se proclamer empereur afin de remercier son maître et de subvenir aux besoins de ses parents. Après son acceptation du trône, Ajita envoya des officiers loyaux apporter immédiatement avec eux des voitures hippomobiles, des parasols ornés de joyaux (en sanskrit : chatraratna qui signifie parapluie ; l'un des huit symboles de bon augure dans le Bouddhisme, qui représente les offrandes faites par des devas au Bouddha immédiatement après Son Illumination, le chatraratna dénote la protection des êtres contre les forces et les influences néfastes) avec des bannières suspendues, des fleurs parfumées ainsi que de la danse accompagnée de musique, et une variété de plats et de boissons dans les montagnes afin d’accueillir son Maître dans la capitale et de lui faire des offrandes. Par ailleurs, il fit également construire un palais solennel aux sept trésors, décoré de sculptures, de gravures et de peintures polychromes, en guise d'offrande à son Maître. Il était complètement équipé de lits et literie, de nourriture et boissons, de médicaments, de jardins, de fruits et de fleurs ainsi que de bains avec de l'eau de source. Ajita, accompagné de ses épouses, de ses filles impériales et du peuple de toute la nation, suivait son Maître pour observer les préceptes des Dix Actes Vertueux chaque jour. Ils pratiquaient ainsi et cent ans avaient passé.

A cette époque, il y avait à la frontière deux petits Etats qui avaient des inimitiés l'un envers l'autre. Tous deux réunissaient leurs troupes et leurs chevaux pour supprimer l'autre. Ayant causé le chaos par la guerre pendant de nombreuses années, aucun d'entre eux ne gagna. L’un des deux Etats était appelé Andhra, l’autre Malabhaya. Le roi d'Andhra convoqua ses ministres pour discuter des stratégies afin de conquérir l’autre Etat. Les ministres dirent : « Le roi Ajita est venu d'un milieu modeste, même s'il est déjà sur le trône, ses traces humbles existent toujours. Il respecte les Dix Actes Vertueux avec révérence depuis qu'il a été couronné roi et ne s’est jamais livré à la débauche. Bien qu'il y ait des filles impériales, il fait l'amour avec elles au plus plusieurs fois par an. A notre avis, nous pouvons choisir une centaine de jeunes filles de notre pays, douces, belles et charmantes, et les vêtir joliment. Nous pouvons envoyer des émissaires fidèles qui emmènent avec eux ces filles sélectionnées ainsi que de précieux trésors pour rendre hommage au roi Ajita. S'il les accepte, nous pourrons alors lui demander de nous envoyer un million de soldats forts pour nous aider à attaquer Malabhaya. En agissant ainsi, nous pourrons sûrement conquérir Malabhaya cette fois-ci. »

Ainsi, selon ce stratagème, ils préparèrent rapidement les jolies filles et les trésors. Ils envoyèrent ensuite des émissaires pour aller les vouer au roi Ajita. Le roi Ajita fut très heureux d'avoir autant de belles filles et de trésors. Il demanda ensuite : Votre roi m'a offert de si jolis cadeaux, que voudrait-il avoir en retour ? L'émissaire rapporta : « Malabhaya est un endroit gouverné par Votre Majesté, mais le roi de cet État est tellement frauduleux et rusé qu'il n'a aucune intention de libérer son peuple. Il passe sa vie de manière luxurieuse et dissolue sans mettre les affaires nationales en bon ordre. Son peuple est empoisonné par lui et le traite alors comme s'il était leur ennemi. Par conséquent, nous venons spécialement demander à Votre Majesté d’envoyer un million de soldats forts pour nous aider à le vaincre. Nous avons offert de belles filles et des trésors pour témoigner de notre sincérité, et c’est justement pour cette cause. » Le roi Ajita dit : Bien. Il envoya immédiatement un million de soldats d’élite et, en plus du million de soldats d'Andhra, envoyés par leur roi, ils unissaient leurs forces et se dirigeaient ensemble vers une croisade contre Malabhaya. Après avoir combattu pendant cent jours, les forces alliées eurent à peine réussi à gagner, avec plus de la moitié des soldats blessés ou morts. Le roi de Malabhaya ainsi que ses clans étaient tous guillotinés. Des dizaines de millions de vies avaient ainsi été perdues. Depuis que le roi Ajita eut de nombreuses belles filles, il était tellement pris par elles qu’il avait oublié sa propre intention initiale. Il devenait extravagant, dissolu et en quête de toutes sortes de plaisirs. En outre, il ignorait les affaires nationales et, de manière inattendue, ses ministres ainsi que des fonctionnaires de tous les rangs étaient en révolte. Ils pillaient les citoyens pour qu'ils devinssent leurs esclaves. Le vent et la pluie étaient déséquilibrés, des victimes de la famine se trouvaient partout. D’autres Etats saisirent l’occasion pour venir envahir l’Etat d’Ajita. Dès lors, la dynastie d’Ajita fut détruite et il périt lui-même également.

Le roi Ajita tombait en enfer après sa mort et subissait toutes sortes de douleurs et de souffrances. Grâce à la force de la connaissance et de la sagesse de sa vie antérieure, il pouvait connaître ses vies passées. Il se confessa et se blâma pour le mauvais karma commis. En corrigeant le mal et en cultivant la vertu, sa vie en enfer fut immédiatement terminée et il se réincarna dans la destinée du fantôme famélique. En étant toujours capable de connaître ses vies passées dans la destinée du fantôme famélique, il se repentit du mauvais karma et pratiqua les Dix Actes Vertueux. Cela lui permit de se libérer immédiatement de la destinée du fantôme famélique et il renaquit dans la destinée de l’animal pour devenir un chacal. Grâce au pouvoir de la Sagesse, je pouvais toujours connaître mes vies passées. J'ai corrigé mes erreurs, pratiqué et observé les Dix Actes Vertueux avec respect. En outre, j’ai enseigné aux membres de mon espèce la pratique des Dix Actes Vertueux. Lorsque, cette fois-ci, j'ai rencontré un lion qui voulait m’attraper, j'ai été sur le moment si effrayé que je suis tombé dans un puits où j’attendais calmement la mort. J'espérais me séparer des souffrances et obtenir le bonheur après cela en renaissant dans le Royaume céleste. Depuis que vous m'avez sauvé hors du puits, mon souhait ne peut plus se réaliser. Quand la pénibilité et les souffrances que j’ai vécues et subies prendront-elles fin ? C’est pourquoi j’ai dit que le fait que vous m’avez sauvé la vie n’a aucun mérite vertueux. »

Le souverain Sakra dit : « Je crains que ce que Vénérable vient de dire à propos de l’homme vertueux qui a un esprit ouvert face à la mort ne soit pas correct. Pourquoi ? Quand Maître était sous le puits, si je n’avais pas laissé pendre les vêtements célestes dans le puits, vous n’auriez ni pu monter, ni être sauvé. Maître, la raison pour laquelle vous avez été sauvé, c’est que vous aviez pris l’initiative de quitter le puits au moyen de vêtements célestes. On peut donc en déduire qu’il n’est pas vrai que vous ne voulez pas continuer à survivre. Comment pouvez-vous dire que vous ne convoitez pas la vie ? » Le chacal dit : « Il y a trois raisons importantes pour lesquelles je suis sorti du puits au moyen de vêtements célestes. La première raison est que je ne voulais pas aller à l’encontre de votre souhait, Souverain Sakra. Aller à l’encontre de la bonne intention d’autrui qui aboutit à sa non-réalisation nous fera souffrir de grandes peines douloureuses. Si l’on fait souffrir les autres, nos propres souhaits ne se réaliseront jamais non plus, de génération en génération. C’est comme si l’on amène des souffrances et des ennuis à soi-même. C’est pour cette raison et non pas à cause de ma convoitise pour la vie. La deuxième raison est qu’en voyant tous les êtres célestes souhaiter écouter le Dharma de Bouddha, je voulais prêcher le vrai Dharma à vous tous, et ne pas être avare quand il s’agissait d’exposer le Dharma de Bouddha. Si l’on est dans une situation où l’on doit exposer le Dharma mais si l’on ne l’expose pas, c’est considéré comme de l’avarice de la sagesse du Dharma. La peine correspondante est d'être sourd, aveugle et muet vie après vie, d’avoir les six organes des sens qui ne fonctionnent pas correctement, de vivre dans des régions isolées et de ne pas avoir la sagesse. Même si l’on parvient à naître dans de bons endroits, l’esprit restera ignorant de sorte que l’on ne pourra pas réussir quoi que l’on apprenne. C’est aussi comme si l’on amène des souffrances et des ennuis à soi-même. C’est pour cette raison et non pas à cause de ma convoitise pour la vie. C’est semblable aux gens qui ont pratiqué le Dana et la vertu dans leurs vies antérieures. En raison des causes-conditions de leurs mérites fortunés dans leurs vies antérieures, ils sont nés dans cette vie en tant qu'humains dont les souhaits sont tous exaucés, et ils possèdent également une énorme richesse. Cependant, lorsque des pauvres viennent mendier de l'argent, ils refusent de faire un don à cause de leur esprit avare. La peine de l'avarice est de se réincarner dans la destinée du fantôme famélique où l'on souffre toujours de la faim et de la soif. De plus, on est nu sans aucun vêtement à porter, de sorte que l’on sent le froid en hiver et que le corps est brisé. (Au contraire,) aucun abri frais ne peut être trouvé pendant les étés chauds. Ces jours douloureux ne prendront fin qu'après des dizaines de millions d'années. Après cela, on renaît dans la destinée de l’animal où l'on se nourrit d'herbe et d’eau. On est si stupide et ignorant que l'on peut manger dans de la boue sale. C’est la peine liée à l’avarice et au refus de faire des dons, la peine liée à l’avarice de la sagesse du Dharma est exactement la même. La troisième raison est de déclarer la Vue juste et de propager le Dharma de Bouddha afin que les être célestes et les gens puissent tous bénéficier du développement de la sagesse parmi eux. Ceci est connu sous le nom de Dana du Dharma, qui est une affaire de mérite vertueux incommensurable. C’est pour cette raison et non pas à cause de ma convoitise pour la vie. »

Le souverain Sakra dit : « S'il vous plaît, veuillez nous exposer la récompense bénie de la prédication du Dharma de Bouddha et de l’enseignement aux êtres. » Le chacal dit : « Prêcher le vrai Dharma permet aux gens de comprendre qu'il existe des mondes futurs après la mort ; s’ils effectuent de bons actes, ils auront la bonne fortune. S'ils font de mauvais actes, ils subiront un châtiment douloureux. S'ils pratiquent, ils atteindront l'Eveil. Avec ce mérite vertueux, ils seront sages, tout en connaissant leur destin dans leurs vies ultérieures. S’ils se réincarnent dans le royaume céleste, ils pourront devenir des enseignants d’êtres célestes. S’ils naissent sur Terre, ils seront Cakra-vartin  (le roi qui tourne la roue), qui éduquera les gens du monde entier avec les Dix Actes Vertueux. S’ils sont empereurs, ils gouverneront leurs nations avec le Dharma Juste et comprendront leur destin. Comme ils connaissent bien les causes et les conditions de leur destin, leur esprit ne se laissera pas aller à la jouissance des plaisirs. Si une personne, en étant dans un statut honorable, se livre à la jouissance des cinq désirs, les démons apparaîtront pour déranger et détruire en la rendant tellement confuse qu’elle commettra des karmas malveillants. Lorsque l’on commet momentanément des erreurs et que l’on subit le châtiment, on peut être exempté rapidement des peines douloureuses grâce au pouvoir de la Sagesse. Après la réincarnation dans le royaume céleste, la Lumière de la Sagesse s’accroîtra jusqu’à ce que l’on réalise la Voie de Bodhisattva et atteigne l’Anutpattika-Dharma-Ksanti (無生忍). C’est pourquoi les Bouddhas ont dit que la récompense bénie de la prédication du Dharma de Bouddha était illimitée. » Après avoir entendu le discours du chacal, le souverain Sakra était très joyeux et dit : « Oui, très bien ! C’est grâce à votre enseignement qu’aujourd’hui, nous, les êtres célestes, pouvons faire la différence entre le Dana de Richesse et le Dana du Dharma. Le Dana de Richesse est comme la lumière de la taille d'un haricot qui peut éclairer une très petite pièce. Le Dana du Dharma est semblable au rayonnement du soleil qui brille sur tout dans le monde. Où qu’il aille, les ténèbres disparaissent en raison de la nature lumineuse du soleil qui est capable de tout éclairer. Aujourd'hui, vous êtes aussi pareil, Maître. En raison de votre pratique du Dharma Juste dans le passé, vous êtes devenu sage et éveillé. En ce moment, vous venez de soulager les êtres des ténèbres de l’ignorance avec votre Lumière de la Sagesse. »

Dès que le souverain Sakra eut terminé ces paroles, les quatre-vingt mille êtres célestes se levèrent avec respect. Ils tirèrent proprement leurs vêtements et se prosternèrent respectueusement, puis ils dirent au chacal : « Nous espérons sincèrement que vous pourrez faire preuve de la compassion pour nous enseigner les préceptes des Dix Actes Vertueux afin de faire bénéficier les êtres et de les rendre heureux et paisibles. Cela permettra également d’accroître votre mérite vertueux. » Le chacal répondit : « C’est très bien. C’est le bon moment maintenant. » Il commença ensuite à prononcer un discours : « Pour recevoir les préceptes, la première chose à faire est de se confesser afin de purifier son corps, sa parole et son esprit. Que sont les karmas du corps ? Ce sont l’homicide, le vol et l’inconduite sexuelle. Que sont les karmas de la parole ? Le mensonge, le commérage, les paroles blessantes et le bavardage inutile sont des karmas de la parole. Que sont les karmas de l’esprit ? Ce sont la jalousie, la haine, l’arrogance et les vues erronées. Interdire strictement au corps, à la parole et à l’esprit d’avoir ces mauvaises conduites, c’est précisément les Dix Actes Vertueux. Permettre avec indulgence au corps, à la parole et à l’esprit de faire ces karmas malveillants, c’est exactement les Dix Actes Non-Vertueux. Quand on confesse ses mauvais karmas de tout son cœur et avec ferveur sans commettre les Dix Actes Non-Vertueux, son corps, sa parole et son esprit seront naturellement purs. Les trois portes (le corps, la parole et l’esprit) purifiées sont connues sous le nom des Dix Actes Vertueux. »

Le souverain Sakra demanda de nouveau : « Quelles sont les récompenses karmiques de se conformer aux Dix Actes Vertueux ? » Le chacal répondit : « J’ai entendu les Bouddhas dire : « Si les humains poursuivent la Voie des Dix Actes Vertueux, ils se réincarneront dans les Cieux des Six Désirs et habiteront dans les palaces aux Sept Trésors où les plaisirs des cinq désirs existent naturellement sans qu'il soit nécessaire de travailler dur. Une grande variété de plats et de boissons sont à leur disposition et la durée de vie y est incommensurable. Les parents, les épouses et les membres de la famille qui sont gracieux et propres, restent ensemble de manière heureuse et joyeuse. Si les êtres célestes poursuivent la Voie des Dix Actes Vertueux, ils pourront même se réincarner dans les Royaumes célestes supérieurs lorsque leur récompense bénie céleste sera épuisée. Cela signifie que les êtres célestes pourraient avoir une récompense bien meilleure qu’auparavant et que cela diffère de la récompense karmique des Dix Actes Vertueux dans le monde humain. Pourquoi ? Quand une personne ordinaire pratique la vertu, il est difficile de préserver les trois catégories de préceptes pour l'esprit (心道三戒).

Pour éviter la colère, il faut d'abord pratiquer le cœur de bienveillance et de compassion. Ce n’est qu’après cela que l’on peut réaliser le précepte de l’absence de colère. Il est très difficile de maintenir la pratique du cœur de la bienveillance et de la compassion dans le monde humain. C’est comme utiliser un couteau pour couper l’eau ; une fois que le couteau est levé, les coupes d'eau se combinent à nouveau instantanément. Le maintien du précepte de l’absence de colère est aussi identique.
Le moment de l’éruption du précepte de la jalousie est conditionnel. Quelles sont les conditions ? Quand on voit autrui faire des profits, quand on voit autrui heureux, quand on voit autrui beau, en bonne santé, sage et intelligent ; quand on voit autrui pratiquer la voie et obtenir la bénédiction. En bref, c’est la survenue de toutes les bonnes choses (chez autrui) qui détermine le moment de l’apparition de la jalousie. Ainsi, le déclenchement de la jalousie a certaines occasions et conditions spécifiques.
De même, le moment de l’apparition de l'esprit arrogant est aussi conditionnel. En voyant des gens stupides et ignorants, des gens laids, des gens sales, des gens pauvres ; en bref, des gens handicapés tels des sourds, des aveugles, des boiteux ou des malades atteints de fistule (une maladie qui provoque un gonflement du cou / une tuberculose lymphatique), etc., des minorités ethniques et des barbares, l’esprit arrogant surgit. Ainsi, la capacité d’observer le précepte d'un esprit non arrogant a certaines occasions et conditions spécifiques.

En conséquence, il est très difficile pour les gens ordinaires sur Terre d’observer et de maintenir les préceptes de l’esprit. Bien que l’on essaie de les maintenir par force, on les oublie fréquemment. Même si les gens terrestres qui obtiennent le mérite vertueux en pratiquant les Dix Actes Vertueux peuvent obtenir la récompense bénie des êtres célestes, celle-ci est inférieure à celle obtenue par des êtres célestes qui pratiquent les Dix Actes Vertueux. Pour les êtres célestes, leur pouvoir miraculeux de l'émission de lumière, leur fortune de la nourriture, leur forme physique et leur capacité de connaître des vies passées, sont tous supérieurs à ceux obtenus par les humains. Par conséquent, les récompenses karmiques liées à la pratique des Dix Actes Vertueux dans le royaume céleste sont bien meilleures que celles dans le monde humain. »

Le souverain Sakra dit au chacal : « Juste comme ce que vous avez dit, quand les gens ordinaires pratiquent les Dix Actes Vertueux, il leur est difficile de préserver les trois catégories de préceptes pour l’esprit. En fait, il en va de même pour les êtres célestes ! On trouve également de la jalousie, de la colère, de l'arrogance ainsi que des vues erronées chez les êtres célestes. Comment se fait-il que la récompense bénie reçue par les êtres célestes soit supérieure à celle des humains ? » Le chacal dit : « Bien que les êtres célestes possèdent aussi ces mauvaises habitudes, elles sont différentes de celles du monde humain. Savez-vous pourquoi ? En ayant une meilleure récompense bénie, les êtres célestes ont moins de difficultés, mais plus de plaisirs ; de plus, leur esprit est moins affligé. La récompense bénie des gens terrestres est moins grande ; ils ont plus de souffrances et moins de bonheurs ; et leur esprit est plus affligé. »

Le souverain Sakra demanda : « Tous les êtres célestes ont une mauvaise habitude karmique de s’adonner au confort et de jouir de plaisirs, et leur esprit est aussi instable que celui des grands singes. Que peuvent-ils faire s’ils commencent à pratiquer les Dix Actes Vertueux maintenant, mais les enfreignent ensuite négligemment ? » Le chacal répondit : « J’ai entendu mon Maître dire : « Si les gens pratiquent les Dix Actes Vertueux mais les offensent momentanément et commettent des karmas défavorables à la place, ils devront se confesser à quelqu'un qui est sage avec le pouvoir des mérites fortunés et lui exprimer leurs mauvais actes. Après cela, ils doivent observer à nouveau les préceptes des Dix Actes Vertueux. De cette manière, ils ne vont pas perdre les préceptes ou en manquer. Pourquoi ? Les préceptes des Dix Actes Vertueux ressemblent à de jeunes pousses de riz alors que l’affliction est semblable à de mauvaises herbes et elles se gênent mutuellement. Si l'on veut faire pousser les graines de riz, il faudra éradiquer les mauvaises herbes afin que seules les pousses de riz soient laissées dans le champ, et on pourra alors obtenir naturellement de bonnes récoltes. Avec une bonne récolte de riz, on n’aura pas besoin de supporter les affres de la faim. »

Le souverain Sakra, ensemble avec tous les autres êtres célestes, étaient très ravis d’entendre un tel Dharma Juste. Ils ne craignaient plus de tomber dans les trois destinées infortunées dès que leur bénédiction céleste était épuisée. Ensuite, ils avaient une autre pensée : « Bien qu'il n'y ait pas de peine douloureuse dans la pratique de la vertu méritoire des Dix Actes Vertueux, la naissance et la mort existent toujours comme avant, ce qui signifie que l'impermanence n'est pas encore exemptée. De plus, chaque fois que le souverain Parinirmita-vasavartin (他化自在天王) voit une personne cultiver des bénédictions, il en est tellement jaloux qu'il lui crée à tout prix des difficultés afin que la personne oublie les actes vertueux et commette plutôt des actes malveillants. Dans ce cas, il y a encore des peines douloureuses Ainsi, ils demandèrent de nouveau au chacal : « Quelle vertu méritoire faut-il pratiquer pour que l’on puisse être éternel, ni naître ni mourir, et que l’on ne soit pas perturbé par le Roi démon ? »

Le chacal répondit : « J’ai entendu mon Maître dire : Quand on initie le Cœur-Bodhi (Boddhicitta) et cultive la Voie de Bodhisattva, le Roi démon Marah-papiyan n’est pas en mesure de procéder à des destructions. C’est parce que l’esprit n’est plus confus. On devient sage vie après vie. Être sage permet simplement de connaître ses vies passées. Celui qui connaît ses vies passées ne fera pas de mauvais karmas. Grâce à l’esprit pur, on parvient à atteindre l'endurance basée sur la cognition de la non-naissance de tous phénomènes (Anutpattika-Dharma-Ksanti). Avec la non-régression de la réalisation dans les pratiques, on peut ainsi s’éloigner des inconvénients de la naissance et de la mort. » Le souverain Sakra dit : « Comment devrions-nous pratiquer la Voie de Bodhisattva ? » Le chacal répondit : « J’ai entendu mon Maître dire : en tant que bouddhiste, fondamentalement parlant, il faut apprendre de manière large les causes et les conditions de tout phénomène afin de comprendre ce que sont les causes-conditions et les effets karmiques avant de pouvoir fortifier la foi (dans le Bouddhisme). Ayant une ferme conviction, on pratiquera naturellement de manière diligente. Celui qui pratique diligemment ne créera aucune cause-condition liée au mauvais karma. Lorsque l’esprit pur et bienveillant n’est plus oisif, on peut atteindre la Sagesse (Prajna). Ces théories sont toutes incluses dans les Trente-sept Aspects de la Voie vers l’Eveil pour aider à atteindre la Voie de la Bodhi. »

Le souverain Sakra dit : « Comme vous l’avez dit, les Trente-sept Aspects de la Voie vers l’Eveil sont d’une portée si vaste, profonde et lointaine qu’ils ne sont pas pour nous, dont la sagesse est trop insuffisante pour les comprendre. Dans ce cas, comment pouvons-nous commencer à pratiquer la Voie de Bodhisattva ? »

Le chacal répondit : « J’ai entendu mon Maître dire : pour pratiquer la Voie de Bodhisattva, il faut maîtriser les six organes des sens avec des moyens habiles. Quels sont les moyens habiles alors ? Les Six Paramitas et les Quatre Cœurs incommensurables sont les moyens habiles pour dominer les six organes des sens. »

Le souverain Sakra demanda : « Pourriez-vous nous dire ce que signifient les Six Paramitas ? » Le chacal répondit : « Le premier, c’est le Don (Dana). C’est pour s’assurer que l’on n’est pas attaché sentimentalement à tout ce qui se trouve dans le monde. Cela aide à se débarrasser de son esprit avare. Le deuxième, il s’agit de suivre et d’observer les préceptes (Sila). Ne créer aucun mauvais acte correspond tout simplement à suivre et observer les préceptes. Le troisième, c’est la Tolérance et la Patience (Ksanti). Rencontrer de mauvais faits sans aucun esprit de vengeance correspond à la tolérance et la patience. Le quatrième, c’est la Persévérance de l’Effort et la Diligence (Virya). Pratiquer le Bouddhisme sans paresse, et sans regret correspond à la persévérance de l'effort et la diligence. Le cinquième, c’est la Méditation (Dhyana). C’est pour restreindre son propre esprit de sorte que plus aucune mauvaise pensée ne puisse surgir. Le sixième, c’est la Sagesse (Prajna). C’est pratiquer la sagesse Prajna pour éradiquer l’affliction ainsi que l’ignorance. La force des moyens habiles de ces Six Paramitas peut dominer les six organes des sens. Il existe quatre autres moyens de maîtriser les six organes des sens. C’est d’abord, le cœur de Bienveillance ; deuxièmement, le cœur de Compassion ; troisièmement, le cœur de Joie et enfin, le cœur de Renonciation. Ces quatre types de Cœurs sont appelés les Quatre Cœurs incommensurables. »

Le souverain Sakra demanda : « Comment peut-on pratiquer un Cœur de Bienveillance ? »
Le chacal répondit : « En voyant quelqu’un souffrir de catastrophes, on doit engendrer le Cœur de Bienveillance pour aider et secourir cette victime afin de la soulager.
Quel est le Coeur de Compassion ? En voyant les êtres engendrer des causes karmiques de naissance et de mort en raison de l’ignorance et de l’avidité, ce qui provoque leurs souffrances dans les cinq états d’existence sans pouvoir être libérés, on devrait éviter de relâcher ses efforts mais cultiver diligemment la Sagesse afin d’atteindre rapidement la Bouddhéité. Après être devenu un Bouddha, on peut employer sa Lumière brillante de Sagesse pour éliminer l’obscurité de l’ignorance des êtres afin qu’ils puissent voir la luminosité et être exemptés de toutes sortes d’afflictions ainsi que de liens de causes karmiques. Même si l’on n'a pas encore atteint la Bouddhéité, on peut dédier tous les actes vertueux que l'on a faits aux êtres dans l'espoir qu'ils seront tous en paix et heureux. Je suis impatient de prendre la place des êtres pour subir les souffrances de leur mauvais karma. Ceci est le Cœur de Compassion.
Quel est le Cœur de Joie ? Quand on voit des gens pratiquer des actes vertueux, prier pour la Bouddhéité des Trois Véhicules, on encourage certainement, on aide et fait des louanges. En rencontrant quelqu'un rempli de joie, on se sent aussi heureux. Quand on rencontre de belles personnes, des personnes en bonne santé et courageuses, des gens riches, des gens sages, des gens possédant un Cœur de Compassion et des gens ayant de la piété filiale, en bref toutes les bonnes personnes, on les encourage, on les assiste et leur fait des louanges. Ceci est le Coeur de Joie.
Quel est le Cœur de Renonciation ? Avec tous les mérites vertueux effectués ou en ayant rendu service à quelqu'un, on n'espère pas recevoir la récompense sur le moment. On ne veut pas non plus recevoir la récompense dans la vie présente ni le futur. Ceci est le Cœur de Renonciation.
Avec l’accomplissement de ces quatre affaires, cela est appelé les Quatre Cœurs incommensurables. Les êtres sont incommensurables, donc le Cœur de Bienveillance est aussi incommensurable ; le Coeur de Compassion, le Cœur de Joie ainsi que le Cœur de Renonciation sont également incommensurables. Ajoutés aux Six Paramitas précédents, ils sont connus sous le nom des Dix Paramitas. Les Dix Paramitas incluent tout ce qui est nécessaire à la pratique de la Voie de Bodhisattva. »

Après avoir entendu les explications du chacal sur le mérite vertueux et la cause-condition des Dix Actes Vertueux ainsi que sur les éléments essentiels de l’apprentissage et de la pratique de la Bodhicitta suprême dans la Voie de Bodhisattva, le souverain Sakra, roi céleste, dansa avec joie. Il se sentait bien dans son corps et son esprit car beaucoup de ses questions étaient résolues. Avec les quatre-vingt mille êtres célestes, il se prosterna devant le chacal avec révérence. Ils joignirent leurs mains, paume contre paume, pour montrer leurs respects et dirent au chacal : « Aujourd’hui, le disciple et les quatre-vingt mille êtres célestes initient conjointement la Bodhicitta et font vœu de suivre et de pratiquer la Voie de Bodhisattva enseignée par le Maître. Veuillez nous accorder votre consentement et votre approbation. » Le chacal répondit : « C’est le bon moment et aussi exactement ce que vous avez tous sincèrement espéré. »

Le souverain Sakra demanda au chacal : « Veuillez nous indiquer votre nourriture afin que nous puissions vous préparer des repas. » Le chacal répondit : « Ce que je mange est trop intolérable pour l’oreille (c’est-à-dire dégoûtant). A cause du mauvais karma, la nourriture que je mange est très sale. De l’apparence, je suis un animal. En fait, je vis plutôt comme un fantôme affamé. Ne me posez plus de questions sur ma nourriture. »

Le souverain Sakra demanda : « Peu importe que la nourriture que vous prenez soit bonne ou mauvaise, dites-le-nous s’il vous plaît. Aujourd’hui, moi votre disciple, je dois faire de mon mieux pour vous servir des offrandes de nourriture ! » Le chacal répondit : « Ce que je mange d’habitude, c’est de l’excrément, et de l’urine de lions, de tigres et de loups, ainsi que des restes de cadavres, des vêtements et cuirs déchirés. Parfois, même ce genre de nourriture ne peut être trouvé. Dans ce cas, je dois manger de la terre pour apaiser ma faim. C’est l’effet karmique du péché qui me rend incapable d’éprouver la satiété de la naissance à la mort, même si la nourriture que je mange est si sale. »

Après avoir écouté le chacal parler des conditions de son régime alimentaire, le souverain Sakra et les êtres célestes étaient si tristes qu’ils versaient tous des larmes sans exception. Ils étaient très émus. Ils dirent tous au chacal : « Notre souhait à nous, disciples, de vous préparer de la nourriture semble ne pas pouvoir se réaliser pour le moment. Que devrions-nous faire alors ? Nous allons retourner maintenant au palais céleste, que pouvons-nous faire pour remercier la gratitude du Maître ? » Le chacal répondit : « Quand vous serez de retour au palais céleste aujourd'hui, vous enseignerez à votre tour à d'autres êtres célestes le Dharma de Bouddha que vous avez appris de moi ici. Peu importe qu’il s’agisse d’êtres masculins ou féminins, si l’un d’entre eux peut avoir foi dans le Bouddhisme et le mettre en pratique conformément, non seulement vous m’aurez remercié, mais vous aurez également remercié la bonté de tous les Bouddhas. Si vous êtes capable d’enseigner à quelqu'un d’autre, les bénédictions et les vertus que vous avez obtenues pourront aussi croître. D’autant plus, si vous pouvez éveiller beaucoup plus de gens en propageant d’une personne à l’autre, le mérite vertueux sera incommensurable. »

Toutes les êtres célestes se levèrent face au chacal et dirent : « Nous disciples, nous retournons au palais céleste aujourd'hui, mais nous ne savons pas quand, Maître, vous pourrez abandonner ce corps de karma punitif et monter au royaume céleste pour vous joindre à nous. » Le chacal dit : « Je pourrai probablement abandonner ce corps de karma punitif au bout de sept jours et je renaîtrai dans le Ciel Tusita (兜率天). Vous pouvez aussi faire vœu de vous réincarner dans ce Ciel, car de nombreux Bodhisattvas s’y trouvent pour le bien des êtres célestes qui veulent apprendre le Bouddhisme, et ils y prêchent ainsi le Dharma de Bouddha et éveillent les êtres célestes. »

Le souverain Sakra dit : « Nous suivrons certainement votre enseignement de faire vœu de renaître dans le Ciel Tusita après notre vie dans le Ciel Trayastrimsas (忉利天) afin que nous puissions vous retrouver. A ce moment-là, nous pourrons vous servir et écouter votre enseignement tout comme ce que l’on a fait aujourd’hui. » Lorsqu’il eut fini ses paroles, les êtres célestes répandirent des fleurs célestes en tant qu’offrandes au chacal et retournèrent ensuite dans le royaume céleste. Après le départ des êtres célestes, le chacal resta assis sur le siège en pensant de manière concentrée aux Dix Actes Vertueux. Il n'alla pas chercher de la nourriture et mourut sept jours plus tard. Il naquit dans le Ciel Tusita et y devint le prince céleste. En étant toujours parvenu à connaître ses vies passées, il enseigna le Juste Dharma des Dix Actes Vertueux aux êtres célestes. »

Le Bouddha dit au roi Pasenadi : « Le chacal de l’époque, c’était moi et le souverain Sakra était Sariputra. Et, Uparta qui était le maître d’Ajita était Bodhisattva Maitreya. Les quatre-vingt mille êtres célestes étaient les quatre-vingt mille Bodhisattvas Avaivartika du Royaume de Saha. Roi, je me souviens des temps anciens où je commençais à initier le coeur-donnant pour pratiquer la Voie de Bodhisattva jusqu’à atteindre l’Anutpattika-Dharma-Ksanti (l'endurance basée sur la cognition de la non-naissance de tous phénomènes) qui est un état d'Avaivartika (不退轉位). Durant ce temps, j’étais souvent ensemble avec Bodhisattva Maitreya, Sariputra, etc. Dans l'intérêt du Bouddhisme, nous pratiquions avec diligence sans nous soucier du corps et de la vie, et suivions les bons Maîtres en restant avec eux jour et nuit pour rechercher des connaissances et atteindre la Sagesse. Le pouvoir de la Sagesse permet à celui qui se trouve dans le Samsara d'éduquer des êtres incommensurables, où qu’il soit, afin que les êtres puissent s’éloigner de toutes les souffrances. Je suis capable d'atteindre la Bouddhéité dans cette vie grâce aux moyens habiles de la sagesse Prajna qui éliminent toutes les causes-conditions des mauvaises habitudes et qui mènent à l’atteinte de l’Eveil suprême. De plus, j'éveille les êtres dans le monde de Saha par le biais de la Sagesse pour qu’ils se détachent de toutes les peines. Par conséquent, je dis que la Sagesse Prajna possède quatre types de significations : un nectar, un bon médicament, un pont et un paquebot. »

Notes :

Ce qui précède est le texte traduit duSutra de la Cause et de la Condition sans précédent (未曾有因緣經)】en langage courant. Cela évoque les causes prédestinées du Bouddha dans Ses vies passées.
Ajita, qui était un prédécesseur du Bouddha, monta sur le trône et lorsqu'il mourut, il tomba dans la destinée des enfers, la destinée des fantômes faméliques et la destinée des animaux (transformé en chacal). Selon le Sutra de l'Enseignement Légué par le Bouddha, il est dit : Les pratiquants ne doivent pas faire partie d'un parti politique ou d'une faction pour mener des activités politiques incluant les affaires de l’Etat et toutes les affaires politiques, car il est facile de s'associer à des éléments indésirables sans s’en apercevoir et cela conduit au semis de la cause à effet.
A partir de cet écrit, nous pouvons également constater qu'une fois que la béatitude céleste du souverain Sakra a pris fin, il a dû renaître en tant qu'être humain ; grâce à une cause-condition favorable dans ses vies passées, il a pu rencontrer le Bouddha dans cette vie et a pratiqué pour atteindre l’état d’Arhat. Quand la béatitude des gens ordinaires est épuisée, ils se réincarnent…
Enfin, nous voudrions exprimer notre respect : « Mérites vertueux illimités ! » à Liu Xin, bouddhiste laïque, qui a écrit le texte en chinois courant.