1. L'aspiration à la Bodhicitta
Le but de la Bodhicitta est, d'une part, de libérer tous les êtres de la souffrance, et d'autre part, d'atteindre l'éveil suprême. C'est pourquoi, le souhait de libérer les êtres du cycle des naissances et des morts sans aspirer à atteindre l'état de Bouddha correspond uniquement à la grande compassion et non à la Bodhicitta. Par ailleurs, les pratiquants bouddhistes qui souhaitent seulement atteindre la bouddhéité sans vouloir sauver les êtres agissent pour leur propre bénéfice et n'ont pas la Bodhicitta.
D'un point de vue relatif, la Bodhicitta a deux aspects : la Bodhicitta « d'aspiration » et la Bodhicitta « d'application ».
La Bodhicitta d'aspiration est un vœu prononcé de la manière suivante : « Faire serment d'atteindre absolument la bouddhéité pour le bénéfice de tous les êtres. » La Bodhicitta d'application est aussi assimilée à un type de serment : « Faire serment d'apprendre et de pratiquer les six perfections pour atteindre l'état de Bouddha. » D'un point de vue des préceptes, le moment à partir duquel sont pratiqués les rites de la Bodhicitta et ce, jusqu'à l'engagement de Bodhisattva, correspond à la Bodhicitta d'aspiration. L'étape allant du consentement de l'engagement de Bodhisattva jusqu'à l'atteinte de l'état de Bouddha correspond à la Bodhicitta d'application.
En voyant les êtres éprouver toute sorte de souffrances dans le cycle de vie et de mort, la personne de grande compassion fait l'immense voeu d'atteindre la bouddhéité afin d'œuvrer pour leur libération et de porter le lourd fardeau de les délivrer. Si le pratiquant ne possède pas la grande motivation et n'agit pas pour le bénéfice des êtres, il ne peut alors pénétrer dans la voie du Mahayana. Même s'il effectue des actes vertueux durant une longue période, il ne pourra jamais atteindre l'état de Bouddha. Ainsi, le pratiquant qui souhaite entrer rapidement dans la voie du Mahayana, devra d'abord transformer son esprit en un esprit de grande compassion. Ensuite, il se basera sur cet esprit de grande compassion jusqu'à la Bodhicitta. Après la grande motivation, il devra suivre les engagements de Bodhisattvas et pratiquer les six Perfections.
Comment surgit la grande compassion ?
La grande compassion naît de la pensée sur les êtres qui, en tombant dans le cycle Samsara de vie et de mort, subissent toute sorte de souffrances. Cependant, si le pratiquant ne considère pas les souffrances qu'il éprouve et ne pense qu'à celles que subissent les êtres, la compassion ne surgira pas. Autrement dit, s'il n'éprouve pas de renoncement, la compassion et la Bodhicitta ne se manifesteront pas quelle que soit sa pratique. Si le pratiquant applique la méthode des pensées illimitées, alors la compassion naîtra. Cet esprit peut être comparé à celui d'une mère qui, en voyant son enfant souffrir, fera naître en elle la compassion.
La Bodhicitta est destinée à ceux qui éprouvent de la compassion équitable et de la bonté pour tous les êtres. Des actes, mêmes minimes, effectués par un pratiquant possédant la Bodhicitta sont, pour les êtres, d'un très grand bénéfice.
2. Les pratiques de la Bodhicitta
Il existe un grand nombre d'œuvres et d'essais de grands maîtres indiens, tibétains sur les méthodes de pratique de la Bodhicitta. Une des méthodes d'aspiration à la Bodhicitta est celle de cause à effet en six points. L'idée générale est comme suit :
Premier point : reconnaître que tout être a été notre mère dans nos vies antérieures.
Second point : se remémorer la bonté de tous les êtres parce qu'ils ont été nos mères dans nos vies antérieures.
Troisième point : rendre la bonté en retour aux êtres reconnus comme nos parents dans nos vies antérieures qui ont œuvré pour notre bien et qui nous ont épargné des tourments.
Quatrième point : aider rapidement à acquérir la satisfaction et le bonheur les êtres reconnus comme nos mères et qui, à présent, ont des besoins matériels et subissent des tourments.
Cinquième point : susciter le souhait fervent que les êtres reconnus comme nos mères et qui subissent toute sorte de souffrances en soient délivrés.
Sixième point : avoir en permanence l'intention et le devoir de soulager tous les êtres de leurs souffrances et de les rendre heureux.
Du premier point jusqu'au sixième point, il s'agit d'une méthode pour œuvrer pour le bien d'autrui. La base de cette méthode de cause à effet en six points consiste à cultiver l'esprit d'équanimité où aucun préjugé, ni haine, ni désir envers qui que ce soit ne sont ressentis. Le fait de savoir que seule l'atteinte à l'état de Bouddha permet de délivrer les êtres et que c'est pour le bien d'autrui qu'il y a la volonté d'atteindre l'éveil suprême correspond à la Bodhicitta. |