|
L’arbre de la Bodhi est le centre d’intérêt de Bodhgaya et se situe à l'ouest de la tour de la Mahabodhi. Il faut savoir que l’arbre de la Bodhi que vous pouvez actuellement voir n’est bien sûr plus celui d’il y a plus de deux mille cinq cents ans, mais l’important est qu’il vous procure un sentiment particulier ; car l’arbre de la Bodhi de Bodhgaya fut l’endroit où jadis, le Bouddha avait médité et atteint l’Illumination.
Selon les Mémoires de Xuan-Zang : à l’origine, l’arbre de la Bodhi avait des branches et des feuilles vertes qui ne tombaient pas en hiver ni en été, et il était vénéré par les fidèles. Mais comme l’empereur Ashoka était un croyant non bouddhiste au début de son règne, il conduisit une armée pour aller abattre l’arbre et briser les racines, les branches et les feuilles ; il ordonna le brahmane Aggika d’y mettre le feu en offrande aux dieux. De manière inattendue, un arbre poussa soudain parmi les cendres et grandit bel et bien dans le feu. L’empereur Ashoka fut témoin de tout cela ; plein de remords, il utilisa alors du lait parfumé pour arroser les racines de l'arbre. Au lever du jour, l’arbre de la Bodhi avait repoussé pour retrouver son aspect d'origine. L’empereur Ashoka fut très heureux ; il fit offrande à l’arbre lui-même en personne, et ce, avec une telle joie qu’il ne voulait pas partir.
Cependant, la reine Ashoka, qui était aussi une croyante non bouddhiste, de nouveau ordonna secrètement la destruction de l’arbre dans la nuit. Le lendemain, lorsque l’empereur Ashoka arriva pour les vénérations, il ne vit qu’un arbre meurtri ; rempli de tristesse, il pria de nouveau avec dévouement et utilisa du lait parfumé pour arroser les racines brisées ; l’arbre de la Bodhi renaissait enfin de nouveau.
Plusieurs centaines d'années plus tard, le roi du Bengale Sasanga qui était un croyant non bouddhiste, de nouveau dévasta les temples et brûla l’arbre avec des moyens encore plus cruels qu’auparavant. Heureusement, au bout de quelques mois, les racines de l’arbre d’origine commençaient de nouveau à repousser. Dès lors, cet arbre de la Bodhi dont le sort était désastreux, put se maintenir pendant un temps très long sans être de nouveau endommagé par les hommes
Selon le Mahavamsa (« La Grande Histoire ») et le Bodhivamsa (« L'Histoire de l'arbre de la Bodhi »), la fille de l’empereur Ashoka, Sanghamitra, avait emporté les branches de cet arbre de la Bodhi à Ceylan (le Sri Lanka actuel) et les avait plantées au sud de la capitale à Maha-meghavana. Par la suite, lors de l’invasion des musulmans en Inde au XIIe siècle, l’arbre de la Bodhi fut tragiquement endommagé.
Jusqu’en 1870, lorsqu’Alexander Cunningham fit reconstruire le temple, le vieil arbre tomba de nouveau ! Alors il coupa une branche tombée et la planta à l’endroit d’origine (une autre version dit que ce fut la fille de l’empereur Ashoka, Sanghamitra, qui avait ramené de nouveau en Inde l’arbre de la Bodhi qu’elle avait planté à Ceylan).
La petite branche de l’époque poussa de nouveau et devint un arbre imposant d’environ 20 mètres de haut. Ce dernier resta majestueux avec un feuillage abondant et couvrant la place. Au cours du dernier siècle, il recueillait paisiblement les vénérations et les offrandes des personnes venant du monde entier. Beaucoup de personnes aimaient se réunir, ou s’asseoir, ou s’étendre, ou méditer, ou contempler sous l’arbre, ou profiter tranquillement du soleil paisible…
Selon le récit japonais « Genko Shakusho », lors de la dynastie Liu Song de la Chine du Sud, le moine Gunabhadra de l’Inde centrale avait ramené l’arbre de la Bodhi à Canton en Chine pour la plantation. Peu de temps après, le moine chinois Dao Sui en planta un au mont Tiantai. Lors de l’ère Shaoxi de la dynastie Song (en l’an 1190), le moine japonais Eisai ramena des branches pour les planter de nouveau au Japon. En 1901, l’arbre de la Bodhi fut introduit à Taiwan.
En outre, à l'époque de l’empereur Ashoka, ce dernier fit ériger sous l'arbre de la Bodhi un trône de diamant (une grande pierre carrée). Actuellement, à côté du trône de diamant, il y a un panneau de présentation sur lequel est écrit : « Lieu où Bouddha parvint à l’Eveil ». |
|
Notes : |
|
|
1. |
L’arbre de la Bodhi est également appelé l’arbre de l’Eveil, l'arbre de la Voie, l'arbre des pagodes, l'arbre de la pensée, l'arbre de la méditation, l’arbre de Bouddha. Comme son fruit était appelé pipal (pippala en sanscrit) dans l’antiquité, l’arbre de la Bodhi a aussi pour nom pipal. Son nom botanique est Ficus religiosa, de la famille des moracées et du même genre que le banian, religiosa signifiant « sacré », « religieux ». Cet arbre est sacré en Inde, en Birmanie et au Sri Lanka parce que Sakyamuni fut jadis assis sous ce type d’arbre, atteignit l’Eveil et devint Bouddha. Les caractéristiques de cet arbre sont qu’il ne se flétrit pas tout au long de l'année, qu’il est résistant, qu’il possède des racines aériennes tombantes, et que la pression de ses racines sous le sol est étonnamment grande. Appréciant la chaleur et l’humidité et nécessitant une exposition abondante au soleil, l’arbre doit être élagué au début du printemps pour que son bel aspect soit maintenu.
Le tronc de l'arbre de la Bodhi est gris, lisse, épais, droit et sans nœuds. Mais l'arbre n'est pas toujours vert tout au long de l’année et ses feuilles ne tombent pas non plus en hiver. Il possède un caractère très particulier : au début de l’été lorsque l’ensoleillement devient fort, au moment où beaucoup d’arbres ont un feuillage vert et dense, l'arbre de la Bodhi laisse tomber rapidement toutes ses vieilles feuilles. Ensuite, les nouveaux bourgeons apparaissent immédiatement, les jeunes feuilles sont d'abord de couleur pourpre, puis jaune-vert ; puis elles deviennent vert-émeraude foncé, les changements de paysage sont fascinants.
Les feuilles sont de couleur vert foncé, avec une surface brillante. Leurs nervures sont réticulées ; les feuilles possèdent de longs pétioles ; elles sont coriaces et en forme de cœur avec une extrémité allongée (d’environ 5 à 15 centimètres) ; ce sont leurs caractéristiques. Dirigée vers le bas, leur longue extrémité sert en fait de guide pour la conduite d'eau ; elle a pour but de s'adapter au climat tropical pluvieux dans la forêt, de réduire la tape des précipitations et d'évacuer rapidement la pluie tombante. Il y a une autre caractéristique visible : lorsqu’on coupe les feuilles, on s’aperçoit qu’une abondante sève blanche coule et si on ne fait pas attention en la laissant se répandre sur les vêtements, elle devient alors rouge et difficilement lavable. Les feuilles peuvent être transformées en marque-pages !
Le fruit est un sycone (une figue) de forme ronde, sans noyau et qui se développe par paires et devient de couleur violet foncé une fois mûr. Il attire souvent des oiseaux, comme des bulbuls chinois, des moineaux, qui viennent savourer ce bon aliment. En l’observant découpé, on peut voir qu’il contient beaucoup de petites fleurs granulaires. Lorsqu’il a mûri, sa surface présente beaucoup de marques de couleur violet foncé et il tombe naturellement. Etant donné qu'il a une forme arrondie et devient dur et indéformable après des traitements, ce fruit sert de matière pour la fabrication de rosaires et porte le joli nom de "rosaires Vajra".
Le sycone est non seulement utilisé pour la multiplication végétative, mais également comme un médicament. Les modes de multiplication peuvent être par le bouturage au printemps ou par le semis. La plantation peut être individuelle ou en rangée.
Le bois des vieux arbres peut servir à la fabrication de toutes sortes d'outils. Les avantages de l’arbre de la Bodhi sont vraiment très nombreux ! |
|
|
2. |
En Europe, il y aussi des arbres de la Bodhi; ils sont grands et larges. Lors de la période de floraison, les graines s’envolent partout comme de la neige. Les Européens prennent souvent du thé aux feuilles de la Bodhi après les repas ; non seulement ce thé aide à la digestion, mais il contribue aussi à détendre les nerfs. Comme Bouddha Sakyamuni avait atteint l’Eveil sous l'arbre de la Bodhi, les Européens pensent peut-être que les feuilles de la Bodhi ont probablement un effet apaisant ! Mais après des tests de médicaments, il a été découvert que les feuilles de la Bodhi étaient une plante ayant un bon effet calmant, pouvant traiter les rhumes et l'insomnie chronique, baisser la tension artérielle, etc. Ces feuilles peuvent également soulager la tension et l'anxiété, détendre les nerfs et atteindre les effets d'un somnifère. En en buvant à long terme, ce thé peut éliminer l'accumulation de graisses dans les vaisseaux sanguins. C’est une boisson très adaptée aux personnes contemporaines qui mènent une vie trépidante et stressante.
L'Europe regorge de tilleuls communs (Tilia Europaea). Selon des essais cliniques, les tisanes chaudes à base de fleurs de tilleuls peuvent augmenter l’excrétion de la sueur, avoir une efficacité contre le rhume, la grippe et les inflammations nasales. Elles ont aussi la fonction d'un sédatif, donc une efficacité contre l’insomnie, l'anxiété et les douleurs musculaires et articulaires. Elles peuvent par ailleurs prévenir l'artériosclérose, l'angine de poitrine, l'infarctus du myocarde et d'autres maladies.
La tisane de tilleul est préparée de la manière suivante :
mettre une demi-cuillère à café de tilleul dans une théière en céramique,
y verser environ 300 ml d'eau bouillante,
laisser infuser quatre minutes dans la théière,
ajouter une quantité convenable de sucre roux et bien mélanger jusqu'à ce qu'il fonde.
Ajouter un peu de jus de citron pour améliorer le goût du thé ; si de plus on ajoute un peu de miel, la saveur du thé sera encore meilleure.
La tisane de tilleul a une saveur douce, sucrée, parfumée et avec un arôme unique ; son parfum peut durer longtemps dans la bouche. En Europe et en Amérique, la tisane de tilleul est une boisson typique pour après les repas. Elle a un effet efficace sur la digestion, c’est pour cela qu’après les repas, une tasse de tisane de tilleul apporte un plaisir divin. Un vieux dicton était cité par un ancien maître Zen : « On mange quand on a faim, on dort quand on a sommeil » ; bien que l’on mange et dorme pareillement, les maîtres Zen considèrent la souffrance du samsara dans les Trois Mondes comme de la joie ; il y a vraiment une immense différence ! « Si on ne sent pas le froid pénétrer dans l’os, comment peut-on sentir le parfum de la fleur de prunier ? » C’est par la pratique spirituelle réelle que l’on peut faire éclore la fleur de la vie la plus résistante et magnifique. Sinon, ce ne serait que de la discussion théorique dans le vide et sans pouvoir traverser les épreuves. |
|
|
3. |
Par ailleurs, il y a une autre espèce de l’arbre de la Bodhi, au nom botanique Tiliamigueliana. Il appartient au genre de l’arbre de la Bodhi et peut atteindre 12 à 15 mètres de hauteur. Ses feuilles sont différentes de celles du pipal ; leur extrémité n'est pas pointue et leur contour est ondulé. Ses fruits sont de couleur noire et peuvent aussi être utilisés pour des rosaires. Cet arbre de la Bodhi est planté dans la plupart des temples d’aujourd’hui et il appartient quand même à la famille de l’arbre pipal sous lequel Bouddha Sakyamuni avait atteint l’Eveil. |
|
|
4. |
Brûler les bougies sous l'arbre de la Bodhi à Bodhgaya endommage l’arbre sacré, les moines de 30 pays appellent à en souligner l'importance.
20 novembre 2004
Selon le reportage d’un journaliste en Inde, des milliers d'encens, de lampes et de bougies brûlent autour de l'arbre de la Bodhi sous lequel Bouddha avait atteint l’Eveil ; le gaz toxique de monoxyde de carbone (CO) menace sans cesse l'arbre sacré à Bodhgaya en Inde.
Des moines venus de 30 pays sont déterminés à soulever ce problème ouvertement au monde, appelant les dirigeants du monde entier à y mettre de l’importance et à sauver les deux symboles les plus sacrés du Bouddhisme.
Le gaz de monoxyde de carbone dégagé par les lampes forme une couche fine sur les feuilles de l’arbre de la Bodhi, ce qui rend difficile la photosynthèse. En juin 2002, on avait découvert que les feuilles devenaient noires progressivement et que l’arbre était aussi atteint de la maladie "milibug", un insecte qui le détruisait lentement et progressivement.
Selon le moine Bhante Muninda Vamsa du "Vishwa Buddha Sangha Youth" du Sri Lanka, cette petite ville menacée, Bodhgaya, était en passe de devenir le premier endroit du monde pour lutter contre le gaz de monoxyde de carbone
Le Comité de gestion Mahavihara Mahabodhi a également interdit la combustion de bougies ou de lampes autour du lac Muchalinda comme une action anti-pollution. De ce lac, selon la légende, le roi serpent Muchalinda s’était levé pour couvrir Bouddha afin de Le protéger contre la tempête soulevée par le roi des démons Mara.
Les symboles sacrés du Bouddhisme sous la menace du monoxyde de carbone, un des symboles - l’arbre de la Bodhi à Bodhgaya en Inde – son mécanisme vital est graduellement endommagé. |
|
|
5. |
Ne confondez pas l'érythrine (l'arbre "Tung") avec l’arbre de la Bodhi !
Il y a un arbre dont les feuilles ressemblent beaucoup à celles de l’arbre de la Bodhi, mais ses fleurs sont de couleur rouge vif, cet arbre est l’érythrine. Comme les petites feuilles de l’érythrine sont de forme oblongue et lancéolée, elles sont très semblables à celles de l'arbre de la Bodhi.
Quel type d’arbre est l’érythrine ? Dans tout le globe, il y a environ 200 espèces réparties dans les régions tropicales. L’arbre ayant des fleurs rouges est l’Erythrina variegata (arbre corail de l’Inde), l’arbre avec des fleurs blanches : le Vernicia fordii, des fleurs mauves : le Paulownia fortunei, l’arbre ayant des branches vertes : le Firmiana simplex, l’arbre laissant couler un liquide de couleur rouge vif : le Macaranga tanarius. Il y a encore beaucoup d’arbres appelés érythrines. Bien que très différents entre eux, ils ont cependant un point commun : leur tronc est creux comme des bambous ; en raison de leur croissance rapide, la moelle à l’intérieur du tronc se déchire en prenant la forme de bambous, leur bois étant souple et non résistant.
Les érythrines sont des arbres avec épines qui sont largement répartis en Asie tropicale et dans les îles du Pacifique. Les érythrines sont l’unique espèce originaire de Taiwan. En observant attentivement ou en touchant leurs tiges, on peut constater qu’il y a de minuscules épines. Au printemps, sur les branches des érythrines apparaissent des fleurs rouge vif et qui se propagent ensuite comme des flammes, recouvrant tout l’arbre ! La forme des pétales des fleurs est comme des crêtes de coq, ce sont les érythrines crête de coq. Les arbres qui poussent dans le récif de corail des îles du Pacifique sont les érythrines corail. Les fruits prennent la forme de rosaires et sont de couleur rouge sombre à maturité, avec une forme ovale, mais ils sont toxiques et non comestibles.
Bien que Quanzhou de la province du Fujian en Chine ne soit pas le lieu d’origine des érythrines, de nombreux érythrines y étaient plantés à l’époque des dynasties Tang et Song. C’est pour cela qu’on y voit partout des érythrines. A l’époque, les poètes et les littéraires aimaient toujours composer leurs oeuvres et faire des éloges au moment de la floraison des érythrines. Quanzhou avait alors le beau surnom de "ville d’érythrines". La ville de Quanzhou a donc utilisé les érythrines comme fleur de la ville, on y voit partout le mot "érythrine" employé pour nommer les écoles, les organisations, les entreprises... |
|