Qu’est-ce que des reliques ?
 

Les reliques, en sanscrit "Sarira", signifient ossements du corps ou graines solides. Initialement, elles désignent les restes du corps après la crémation, et sont des substances cristallisées restant de la crémation d’un corps humain. Les ossements du Bouddha sont appelés les reliques du Bouddha ; généralement, les reliques du Bouddha désignent les reliques de Bouddha Sakyamuni, regroupant les ossements du crâne du Bouddha, des phalanges du Bouddha, des dents du Bouddha, des ongles, des cheveux et des substances cristallisées prenant la forme de perles solides. Par la suite, les reliques du Sangha désignent les ossements ou les matières cristallisées restant après la crémation des disciples de Bouddha Sakyamuni et des grands pratiquants spirituels ayant pratiqué les Trois Disciplines, les Six Perfections, etc. Ainsi, non seulement le Bouddha a des reliques, mais les disciples bouddhistes qui pratiquent selon l’enseignement du Bouddha ont aussi des reliques. Par conséquent, il y a une distinction entre les "reliques du Bouddha" et les "reliques du Sangha".

A l’époque du Rig-Veda en Inde antique, il y avait deux modes de funérailles : l’inhumation et la crémation. Les restes de l’inhumation sont appelés "les reliques du corps entier" et les ossements issus de la crémation sont appelés "les reliques fragmentaires". Le « Sutra Dirghagama », volume 4, chapitre "Voyage et Pratique", le « Sutra Le Bodhisattva dans la Matrice Maternelle », volume 3, chapitre "Impermanence", le « Sutra du Lotus du Dharma », chapitre "Devadatta", etc, contiennent des discours sur les reliques du corps entier et les reliques fragmentaires de l’époque de Bouddha Sakyamuni : tout le corps "intact" est appelé les reliques du corps entier, les reliques fragmentaires sont l’opposé des reliques du corps entier. Par ailleurs, on dit aussi que les ossements placés dans un stupa sont appelés les reliques du corps entier ; les ossements répartis dans plusieurs endroits sont appelés les reliques fragmentaires.

Concernant les reliques du corps entier et les reliques fragmentaires, ils sont décrits à l’origine dans le « Sutra sur le Mérite de Baigner un Bouddha (浴佛功德經) » qui distingue deux types de reliques :

1)

Les reliques du corps physique, c'est-à-dire les ossements de Bouddha Sakyamuni.

2)

Les reliques du corps du Dharma, c'est-à-dire l’enseignement, les préceptes, tous les Sutras du Grand Véhicule et du Petit Véhicule légués par Bouddha Sakyamuni durant Ses 49 années de Discours. Comme a dit le « Traité de la Grande Vertu de Sagesse » : « Les Sutras (le Tripitaka et les Douze Divisions des Sutras Bouddhiques) sont les reliques du corps du Dharma ». Les reliques du corps du Dharma symbolisent le fait que l’enseignement du Bouddha vivra toujours et ne s'éteindra jamais.

   
Alors que selon l’encyclopédie bouddhiste « La Forêt de Joyaux dans le Jardin du Dharma (法苑珠林) », il y a trois types de reliques :
1) les reliques d’ossements de couleur blanche (les reliques blanches)
2) les reliques de cheveux de couleur noire (les reliques noires)
3) les reliques de chair de couleur rouge (les reliques rouges).
   

La plupart des reliques sont des fragments d'ossements. Leurs formes ne sont donc pas homogènes et leur nature est dure et raffinée. En Chine, les reliques qui ont la forme de pois sont généralement considérées comme des reliques Sariras. Les reliques Sariras peuvent avoir la forme de perles, de fleurs, de pierres, de dents, etc. Leur couleur peut être noire, blanche, rouge, argentée, bleue, etc, d’où les "reliques Sariras aux cinq couleurs". Les couleurs des reliques peuvent changer, et leur nombre parfois inexplicablement augmenter, diminuer ou même disparaître en brillant. Mais, il est dit que seules les reliques du corps du Bouddha ont la brillance de cinq couleurs et la couleur dorée.

Des exemples des deux types de reliques : les "reliques du corps entier" comme les reliques de Bouddha Prakhutaratra et les "reliques fragmentaires" comme les reliques de Bouddha Sakyamuni. Lors de Son entrée dans le Nirvana, Bouddha Sakyamuni avait fragmenté tout Son corps, léguant des dizaines de milliers de reliques du corps physique afin que les êtres terrestres et célestes acquièrent pour toujours des mérites en les vénérant.

Il est dit que les reliques du Bouddha furent partagées en trois parts et conservées dans trois lieux :

1) dans les cieux (le souverain céleste Sakra obtint les reliques des dents du Bouddha pour les vénérer dans les cieux mais les esprits Yaksha en dérobèrent une) 
2) chez le roi-Dragon
3) dans le monde terrestre (répartis dans huit pays).
   

Après l’incinération du corps de gens ordinaires, il ne reste que des cendres et aucune substance cristallisée n'apparaît. Pour les Chinois, les reliques Sariras sont des "cinabres (dan en chinois)" issus de la pratique de trois trésors du corps humain « l'essence, l'énergie, l'esprit », alors que dans le Bouddhisme, les reliques Sariras sont les marques de grands moines vertueux.

Selon le « Traité de la Grande Vertu de Sagesse », vénérer une relique Sarira, même aussi petite qu’un grain de sésame, engendre d’immenses mérites illimités. Par conséquent, pour nous, les disciples bouddhistes, pouvoir vénérer, se prosterner devant les reliques Sariras est extrêmement difficile et rare. C’est comme vénérer, se prosterner devant le vrai corps physique du Bouddha, avec la conviction que là où se trouvent les reliques Sariras, demeure le corps du Dharma (Dharmakaya) du Bouddha. Le fait de se prosterner devant les reliques Sariras ou devant l’arbre de Bodhi de l’Eveil, le trône Vajra, les empreintes des pas du Bouddha... est identique, cela signifie qu’on noue un lien de causalité avec le fait "de rencontrer le Bouddha et d'entendre le Dharma" pour atteindre rapidement l’Eveil. Excepté cela, il est aussi mentionné les prosternations devant les reliques des Vénérables Ananda, Maudgalyayana, Sariputra.

Notes :

1.

Les reliques de Bouddha Prabhutaratna (Bouddha de Maints-Trésors) correspondent aux reliques du corps entier, et les reliques de Bouddha Sakyamuni aux reliques fragmentaires (extraits du "Dictionnaire d’études Bouddhistes" Ding Fubao).

 

Au cours de la Cérémonie du Lotus du Dharma, les deux Bouddhas se trouvaient à l'intérieur du stupa aux trésors qui surgissait de la terre et restait suspendu dans les airs au mont sacré du Vautour. Lorsque le stupa aux trésors était dans les airs, Bouddha Sakyamuni ouvrit la porte du stupa suite à la requête de l’Assemblée. Les reliques du corps entier de Bouddha Prabhutaratna demeuraient assises en position du lotus, avec les mains en mudra de la méditation. A ce moment-là, Bouddha Prabhutaratna qui se trouvait à l’intérieur du stupa, invita Bouddha Sakyamuni à partager son siège, ceci fut appelé les deux Bouddhas assis côte à côte. Prabhutaratna représente le Bouddha avec le corps du Dharma et la méditation, Sakyamuni le Bouddha avec le corps de rétribution et la sagesse ; les deux Bouddhas assis côte à côte représentent la fusion entre le corps du Dharma et le corps de rétribution, et la fusion entre la méditation et la sagesse.

   

Lors du discours du Sutra du Lotus du Dharma par Bouddha Sakyamuni au mont sacré du Vautour, une tour aux trésors dans laquelle furent déposées les reliques du corps entier de Boudddha Prabhutaratna (empreintes du corps physique du Bouddha) surgit soudainement de la terre, s’éleva et resta suspendue dans les airs. Une voix qui retentissait de la tour fit l'éloge de Bouddha Sakyamuni afin de porter témoignage de la véracité du Sutra du Lotus. Dans le « Sutra du Lotus du Dharma », au chapitre "Apparition du précieux stupa", il est dit : « A ce moment-là, face au Bouddha, il y avait une tour constituée de sept matières précieuses, haute de cinq cents yojanas et de deux cent cinquante yojanas à la base, qui surgissait de la terre. ... Alors, de l'intérieur de la tour jaillit une grande voix qui fit ces louanges : c'est bien, c'est fort bien ! Le Vénéré du monde Sakyamuni exposa à une vaste multitude le Sutra du Lotus du Dharma Merveilleux, grande sagesse d'égalité, Dharma enseigné aux Bodhisattvas, protégé par les Bouddhas. C'est comme cela, c'est bien comme cela ! Tout ce que prêche le Vénéré du monde Sakyamuni est authentique et réel. ... Alors, le Bouddha déclara à Bodhisattva Maha-Pratibhana : dans cette tour de matières précieuses, il y a le corps intact et entier d'un Ainsi-Venu. C'est que, dans le passé, à des quantités incalculables d'innombrables millions de myriades de mondes vers l'orient, il y avait un royaume du nom de Ratnavishuddha (Pureté de Trésor) ; il s'y trouvait un Bouddha appelé Prabhutaratna. Du temps où cet Éveillé pratiquait la voie du Bodhisattva, Il fit un grand voeu : si, après que j'aurai atteint l'état de Bouddha et que je serai passé en parinirvana, il se trouve, dans les terres des dix directions, un endroit où est prêché le Sutra du Lotus du Dharma, mon stupa, afin d'écouter ce Sutra, surgira. »

   
2. Ceux qui ont un lien avec les reliques Sariras sont : les stupas, édifiés pour abriter les reliques du Bouddha, appelés de coutume les "stupas de reliques Sariras" ; les vases qui abritent les reliques du Bouddha sont appelés les "vases de reliques Sariras" ; les cérémonies de vénération des reliques du Bouddha sont appelées les "cérémonies pour les reliques Sariras" ou les "cérémonies de vénération des reliques Sariras". 
   
3. Il y a une légende sur les reliques Sariras considérées comme une "potion magique qui sauve des vies". Cela provient du fait que certains bouddhistes placent des reliques sous la langue des membres de leur famille qui sont mourants ; car la plupart des êtres humains commettent inévitablement de mauvais actes, ceux qui en ont commis beaucoup vont inévitablement rencontrer des créanciers karmiques qui viendront les importuner à leur mort afin qu'ils tombent dans les trois mondes inférieurs (celui des animaux, des fantômes et en enfer). Ainsi, grâce aux bienfaits des reliques, les liens entre une personne décédée et ses créanciers karmiques peuvent être éliminés. Toutefois, les reliques posées sous la langue sont toutes des "reliques du Sangha", et ne peuvent pas être des reliques fragmentaires de Bouddha Sakyamuni. Par ailleurs, les reliques ne sont généralement jamais avalées, mais elles sont déposées dans des temples ou des résidences propres et lumineuses, en hauteur, afin d’être vénérées.
   
4.

Les reliques et les informations sur les matières de fabrication des "précieuses pilules noires" des Karmapas : les précieuses pilules noires sont de la farine d'orge grillée à laquelle sont ajoutées des reliques du Bouddha Sakyamuni, du Bouddha Kashyapa, du premier Karmapa Dusum Khyenpa, du septième Karmapa et de quelques grands pratiquants spirituels indiens et tibétains, mélangées avec une sorte d’herbes appelées "Aru" et avec la hache utilisée par le Patriarche Milarepa de la lignée Kagyupa pour construire une maison destinée à son maître Marpa, tout cela étant bouilli dans l'eau. Lors de la fabrication des pilules, il faut utiliser la robe du huitième Karmapa pour couvrir le grand bol ; au bout d’une nuit, la précieuse pilule noire est produite.

Les disciples de l’école bouddhiste tibétaine Kagyupa espèrent posséder ce type de pilules précieuses noires (ou appelées simplement pilules noires). Parfois, ils déposent des pilules précieuses à l’intérieur des statues du Bouddha, ou bien, ils les mettent dans des temples ou résidences afin de les protéger, ou alors, ils les placent dans de petites boîtes de reliques sous forme de pendentifs qu’ils portent autour de leur cou afin d’avoir une vie saine et sauve ; lorsqu’ils rencontrent des dangers graves physiques ou moraux, les disciples de l’école Kagyupa avalent souvent ces précieuses pilules pour traverser les moments difficiles.
   
5.

En juin 2003, afin de célébrer le 3ème anniversaire de la "fête du Vesak", fête mondiale déclarée par l'Organisation des Nations Unies pour la naissance du Bouddha, les reliques du Bouddha vénérées en Thaïlande, en Birmanie et au Sri Lanka furent regroupées pour une exposition mondiale ; dans chaque pays, l’exposition n’eut lieu que dans une seule ville. Avec l’assistance et le soutien de  plusieurs organismes bouddhistes, une première exposition se déroula en Amérique du Sud à Sao Paulo au Brésil le 18 juin, durant cinq jours, pour permettre la vénération par les fidèles. Pendant l'exposition, il y avait une foule incessante chaque jour, les fidèles fervents saisissant cette occasion rare pour aller vénérer.

Gangchen Rinpoche, résidant en Italie, était responsable de l’escorte des reliques du Bouddha pour cette tournée mondiale, et il déclara que la prochaine exposition serait au Chili.