Le feu brûle trois mille forêts de mérites
 

La flamme de la rage
Rinpoche fit ce discours en 1989
Mis en ligne sur le site le 24 septembre 2014 (environ 25 années après)

Introduction (1)

1.

Quand une personne devient furieuse, le corps génère une sorte de substance négative.
     
  Les psychologues ont effectué une expérience. Lorsqu'une personne exhalait sa colère, la substance contenue dans son sang fut injectée dans le corps d'une souris. La souris était observée pendant une courte période de temps. Le résultat s’avéra que la souris mourut.
     
  Le psychologue clinicien américain, le Dr Mowrer, découvrit que lorsqu'une personne était en colère ou de très mauvaise humeur, cela nuisait au corps. Le cerveau humain sécrétait des substances chimiques (il est désormais prouvé qu’il en existe 37 types), dont une correspondait à l’endorphine. Il s'agit du composé aminé sécrété par l'hypophyse et l'hypothalamus / sous le thalamus des vertébrés, qui peut se combiner avec le récepteur de la morphine pour créer les mêmes sensations indolores et euphoriques que celles de la morphine. Il est similaire à un analgésique naturel et est une sorte de morphine produite par l'organisme lui-même. Quand on est furieux, le cerveau subit une pression énorme et l’endorphine peut effectivement aider à détendre l’esprit ; cependant, il y a des effets secondaires. Par conséquent, si l'on peut se détendre en riant et en faisant du sport, pour réduire la sécrétion d'endorphine dans le cerveau, cela améliorera d'une part les sensations de détente naturelle à la fois physique et psychologique, et cela réduira d'autre part les dommages aux cellules cérébrales, ce qui signifie réduire les dommages à soi-même.
     
2.

La physiologie de l'être humain est absolument dominée par sa psychologie car le caractère affecte le comportement. Certaines personnes sont arrogantes et capricieuses, et se mettent souvent en colère (par exemple, la princesse a une crise de colère 小姐發脾氣 / avoir une crise de colère d'une princesse 發小姐脾氣), cela peut alors conduire à se mettre en colère de manière habituelle. Comme disent les dictons populaires des chinois cantonais : se mettre habituellement en colère / avoir un tempérament pourri. Pourquoi se met-on habituellement en colère ? Cela est dû au fait que l’endorphine sécrétée est de la morphine dans le cerveau, elle est "addictive" ; une fois "accro", il faut plus d’endorphine (morphine). Ainsi, on se met en colère de manière intermittente ; cela devient un cercle vicieux puisque perdre son sang-froid devient une habitude. Au départ, il peut s'agir d'un intervalle d'une fois par mois ; progressivement, cela devient une fois tous les sept jours, voire une fois tous les trois jours. Quand la "dépendance" survient (avoir besoin de l’endorphine), on pourrait soudainement perdre le contrôle et se mettre en colère sans raison ou à cause d’un petit facteur externe. C'est comme disent les chinois : avoir un petit banquet tous les trois jours et un grand banquet tous les sept jours. L'esprit intérieur est déséquilibré ; la sécrétion interne est également déséquilibrée.

Du point de vue du Bouddhisme, la graine de perdre son tempérament se trouve dans un endroit profond de la conscience, du corps et de l’esprit, et les cicatrices laissées derrière ne peuvent jamais être effacées. Lorsqu'une personne s'emporte plus fréquemment, sa structure psychologique dégénère progressivement, l'état d'esprit paisible se perd, et elle se met facilement en colère et perd sa patience. Comme l'habitude de se mettre en colère a déjà laissé une marque à la surface de l'esprit (la graine de la cause est semée), elle contribue alors à enflammer l’élan de la crise de colère répétitive à l'avenir, comme dit le Yogacara (唯識學) : « Le comportement actuel influence la graine, la graine crée le comportement actuel », en se complétant et s’entraidant mutuellement sans cesse, jusqu'à ce que l'on perde le contrôle à la fin.

     
  Outre l'endorphine, il y a aussi la sécrétion d'une sorte de poison doux du cerveau qui peut pénétrer dans le sang. A l'origine, ces sécrétions malignes auraient dû être filtrées et désinfectées dans le foie ; mais parfois, comme elles ne peuvent pas être décomposées et évacuées, elles s'accumulent dans le foie et à long terme, endommagent le foie et provoquent un "gonflement", une "cirrhose"… (la médecine chinoise dit que la colère endommage facilement le foie, et c’est cela la raison).
     
  Bouddha Sakyamuni enseigne aux êtres de pratiquer avec un esprit intérieur "paisible". Dès que l'on aura perdu son tempérament, les sécrétions internes malignes endommageront le système de mémoire, tous les mantras chantés et les textes de sutra récités avec diligence seront progressivement oubliés. Ainsi, les mérites accumulés en provenance de la pratique seront altérés, quel dommage !
 

La colère
Rinpoche fit ce discours le 2 avril 1995
Mise en ligne sur le site le 24 septembre 2014 (environ 19 ans après)

Introduction (2)

La colère peut facilement conduire à la haine, la colère et la haine devenant liées l'une à l'autre. Une fois que la colère est générée, cela va progressivement éroder l’esprit et l’âme d’une personne. Beaucoup de gens apprennent souvent une leçon importante dans un état de fureur, c'est-à-dire le lâcher-prise !
   
Le Bouddha exhorte souvent les gens terrestres à ne pas générer l'esprit de colère ou à ne pas s'engager dans une conduite de rage violente ; ceci est la pratique préparatoire. Cependant, si une personne ne peut pas se changer elle-même, alors elle sera remise pour être éduquée par la société afin de développer une personnalité parfaite dans cet entraînement et d’améliorer ses mauvaises habitudes.
   
Souvent, lorsque l’on perd sa rationalité, on agit de manière à ce que la situation arrive à un point de non retour, ce n’est qu’alors on réalise le pouvoir destructeur de la colère et la tragédie de réincarnations sans fin. Par exemple, dans une infinité de vies, pour les personnes auxquelles vous en avez voulu et pour lesquelles vous avez eu de la haine, vous les rencontrerez toujours et vous vous réunirez ensemble (quand le destin karmique arrivera), pour se venger, se tuer et se blesser mutuellement.
 
Conclusion
La flamme de la Rage / de la Colère peut réduire et entraver notre propre cultivation, et mettre le feu à trois mille forêts de mérites (trois mille dénotent beaucoup).
   
Tant que l'on est calme, détendu, que l’on se repent, répète le mantra, médite, et dans cet état de haut niveau, que l’on accepte le traitement du Dharma de Bouddha avec la bénédiction de la force de Bouddha, on peut rapidement apprendre, recevoir et absorber les mystères de la vie ; de plus, on peut rapidement arrêter la croissance et la propagation des mauvais karmas, améliorer son propre destin et fluidifier le chemin de pratique.
   
La colère et la haine correspondent aux tourments et afflictions dans le Royaume du Désir, conduisant à un comportement erroné et à de mauvais karmas. Parmi les Quatre Coeurs incommensurables, la "visualisation du cœur compatissant" peut vaincre la colère.