Le coeur et le coeur de la Bodhi (Bodhicitta)
 

Lorsque l’on utilise la langue chinoise pour interpréter le terme bouddhiste "cœur", ce dernier ne fait pas référence au cœur du corps physique. En général, il fait référence à un terme collectif de la conscience humaine ou de l’esprit (le véritable esprit spirituel), c’est-à-dire aussi les pensées des êtres, leurs opinions, leur sagacité, leur discernement, leur sagesse, leur volonté et ainsi de suite. Il appartient à l'état de la conscience et de la psyché qui est la partie immatérielle. Parfois, cela signifie également l'accumulation de diverses graines qui engendre la forme originale de tous les Dharmas. C'est un nom abstrait qui peut être seulement perçu et ressenti. Il est couramment utilisé et confondu avec la cognition et la conscience dont ils (les trois mots) sont considérés comme des synonymes. Cependant, parmi les trois mots, le coeur, la cognition et la conscience, il existe certaines différences (qui ne sont pas discutées ici pour le moment). C’est encore plus difficile s’il est exprimé ou interprété en langue française.

Il y a beaucoup de définitions différentes du Coeur, telles que le Cœur-cultivation, le Cœur-Pravrajya (remarque : pravrajya est un mot sanskrit qui signifie qu'une personne laïque quitte sa maison pour devenir un moine/une nonne), le Cœur-compassion, les Quatre Coeurs Incommensurables, le Cœur de la Bodhi, etc. Lorsque l’on parle de "cœur-donnant", il s'agit d'un terme fréquemment utilisé et couramment vu dans le Bouddhisme. Le cœur-donnant, c'est le fait de développer le champ du Coeur. Les sutras bouddhistes décrivent souvent notre Cœur comme un champ et une terre : si le champ du Cœur n'est pas activement cultivé, même si nous sommes pleinement dotés de liens extérieurs, de mérites et de vertus, le germe de la Bodhi ne peut pas se développer. Cela ressemble à une graine, sans un champ et une terre fertile, elle ne peut pas donner naissance à de bonnes fleurs et de bons fruits.

Le degré du cœur-donnant reflète l'étendue de nos réalisations. Le pouvoir du cœur-donnant est inconcevable. De manière stricte, il est généralement divisé en deux catégories : le Cœur-donnant du monde matériel (par exemple, le cœur-donnant de l’offrande du repas au Guru, le cœur-donnant des dons à des organisations caritatives, etc.) et le Cœur-donnant du monde spirituel (par exemple, initier le Cœur-vœu, initier le Cœur-bravoure, initier le Cœur-cultivation, initier le Cœur-Pravrajya, initier le Cœur-compassion, initier le Cœur-Bodhi, etc.).

Bien entendu, notre intention du cœur-donnant doit être effectuée avec pureté et grandeur. Simplement dit, le Cœur-Bodhi est en fait grandiose. Par conséquent, le Mahayana considère le Cœur-Bodhi comme un cœur "grandiose". Si l’on perd le Cœur-Bodhi, même si nous nous prétendons pratiquants de la Grande Perfection, du Mahamudra ou de la Grande Voie du Milieu, nous nous engageons en fait encore dans une voie étroite et égoïste.

Lorsque nous possédons tout ce dont nous avons besoin, mais si nous n’avons pas le Cœur-Bodhi, nous n’avons pas de place pour nous améliorer. La vraie pratique est quelque chose qui doit être développée et ouverte. Si, dès la pratique initiale, on peut s’éloigner complètement de l’attachement et de la colère, et placer continuellement des êtres incommensurables et affectueux dans son cœur, cela prouve bien que nous sommes déjà "bien préparés" à l’inspiration et à l’éveil.

Nous devons faire attention à la signification des enseignements du Dharma et à chaque instant, nous devons faire preuve de vigilance en pensant aux actions et au comportement de notre propre corps, de notre parole et de notre esprit. Si nous pouvons pratiquer de cette manière, nous ferons des progrès sur notre chemin ; cela ressemble à un petit enfant bien éduqué et élevé, où l'on peut observer, de par sa manière de manger et par ses autres comportements quotidiens, qu'il/elle a été bien éduqué(e) et élevé(e) ou non. Cela est dû au fait que son cœur a déjà été modifié par ce type d’entraînement. Notre Guru peut, de cette manière, voir clair dans nos défauts et nos fautes, voir clair dans notre avidité, notre colère, notre ignorance et notre arrogance, révélées par notre comportement dans la vie quotidienne. Il peut aussi voir clair dans notre manque de profondeur et de diligence dans l'étude du Bouddhisme (avoir appris mais avoir oublié et laissé derrière), et dans le fait que nous ne comprenons toujours pas le Bouddhisme tantrique (avoir appris mais ne pas pratiquer ni expérimenter) !

Dans la vie quotidienne, nous devons pouvoir maintenir l’état accompli de toute pratique et manifestation. Il est possible de nous considérer comme ayant déjà atteint un certain haut niveau. Cependant, ce type de pensée est en fait le premier obstacle que nous rencontrons. En outre, nous n'aurons aucun moyen de gérer toutes les situations différentes que nous rencontrerons dans la vie quotidienne. La période de la pratique du Dharma sur un siège, de la méditation et celle après la descente du siège, devrait se compléter et se renforcer mutuellement ; sinon, ce serait difficile d’atteindre la "délivrance".

Cela n'est pas facile lorsque l’on commence à pratiquer. Quand on arrive à mi-chemin, cela n'est pas facile de maintenir fermement cet état d'esprit ; cependant, au final, cela deviendra complètement naturel. Par conséquent, au tout début, nous devons déployer tous nos efforts possibles pour pratiquer diligemment. S'il vous plaît pensez et réfléchissez à ce discours attentivement.

Si vous développez un fort cœur de renonciation envers la réincarnation (en sanskrit : samsara), et êtes constamment attentif aux questions d'impermanence et de plus, si vous avez déjà accumulé les mérites et la sagesse, alors, il sera assez facile de réaliser un véritable et direct éveil du Mahamudra et de la Grande Perfection. D’autre part, si vous avez dit : « Les mérites ne sont réservés qu’aux disciples inférieurs ; je ne m'intéresse qu'à la Grande Perfection », alors même si vous pouvez vous asseoir dans les airs sans une pensée sur la souffrance de l’impermanence ou de la réincarnation, vous ne serez pas vraiment assidus, et un éveil merveilleux ne se produira pas non plus.

Enfin, nous devrions tous avoir remarqué ou découvert que notre Guru transfère les mérites dérivés de tous les enseignements et discours du Dharma à tous les êtres ; ainsi, nous devrions également nous engager à transférer les mérites découlant de l'écoute du Dharma bouddhiste. Nous devons être pleinement équipés de cette attitude, sinon, notre cultivation et notre pratique du Dharma ne peuvent pas être considérées comme de véritables enseignements du Vajrayana et du Mahayana.

Les textes de référence :
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> Les théories de l’enseignement bouddhiste
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• L'Esprit d'Eveil (la Bodhicitta)
• Bien connaître la motivation à apprendre le Bouddhisme
• Que la pratique spirituelle soit intégrée dans la vie
• Les Quatre Coeurs Incommensurables