Les stupas
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Un stupa (terme sanscrit) désigne une tour qui abrite des reliques du Bouddha ou des ossements de manière générale. C’est un monument de commémoration et l'un des symboles du Bouddhisme. Après le Nirvana du Bouddha, les reliques du Bouddha furent partagées en huit parts par le brahmane Doha et réparties dans huit royaumes (à Kapilavastu, etc) où furent édifiés des stupas pour les vénérations. Par la suite, le roi Ashoka fit construire quatre-vingt-quatre mille stupas pour y vénérer les reliques du Bouddha. Lorsque les moines bouddhistes chinois, Faxian et Xuanzang, arrivèrent en Inde, ils purent encore apercevoir les stupas édifiés par le roi Ashoka. Mais malheureusement, ce genre de stupas n’existe plus de nos jours.

En Chine, le mot "stupa" fut créé lors de la traduction des Sutras à l’époque de la dynastie Xi Jin (265-316). En fait, le "stupa" était originaire de l’Inde. Au début, le stupa était une petite tour sous forme de tombeau pour abriter des reliques. Par la suite, il était aussi utilisé pour vénérer des statues de Bouddha, pour conserver des Sutras bouddhiques ou pour abriter des ossements du Sangha. Les bouddhistes et les menuisiers de stupas chinois faisaient preuve d’innovation et réalisaient des stupas de style chinois. Dans l’histoire de la Chine, quatre périodes avaient été particulièrement marquées par d'importantes constructions de stupas : les dynasties du Nord et du Sud, la dynastie Tang, la dynastie Song et la dynastie Ming.

Concernant la construction des 84.000 stupas par le roi Ashoka, c'était répandu de l’Orient vers la Chine. A partir du IVe siècle environ, des stupas du roi Ashoka en Chine étaient mentionnés. En outre, en raison du changement géographique au fil des générations, le territoire chinois compte encore plus de stupas du roi Ashoka.

 
A l’époque des dynasties du Sud, le peintre chinois Zongbing (375-443) écrivit la « Théorie bouddhiste Ming (明佛論) » et il mentionna qu’il y avait des ruines du temple du roi Ashoka à Linzi, dans la province de Shandong.
Dans l’ouvrage « Biographies des Moines Eminents (高僧傳) » écrit par le moine bouddhiste Huijiao (釋慧皎) (497-554) de l’époque de la dynastie Liang, des recherches des stupas du roi Ashoka en Chine étaient mentionnées. On y trouve une description claire : à l’époque de la dynastie Jin de l'Est, il y avait un moine bouddhiste dénommé Huida (釋慧達) qui, après avoir écouté les instructions de son maître, partait dans le sud pour rechercher des stupas et des statues de l’époque du roi Ashoka afin de les vénérer, de se confesser et de se purifier des karmas des vies antérieures. Lorsque Huida arriva au temple Chang Gan, situé dans la capitale Jianye (l’actuel Nanjing) de la dynastie Jin de l'Est, il constata qu'une lumière étrange émanait du stupa du temple. Il creusa sous la tour et découvrit un coffret en fer, puis un coffret en argent à l’intérieur du coffret en fer, puis un coffret en or à l’intérieur du coffret en argent ; et à l’intérieur du coffret en or, il y avait trois pièces de reliques, des ongles et des cheveux. A l’époque, les gens considéraient que c’était un des 84.000 stupas construits par le roi Ashoka. Les reliques qui se trouvaient à l’intérieur étaient bien sûr les reliques du Bouddha. Ainsi, à côté du stupa d’origine, un nouveau stupa fut-il construit pour abriter ces reliques.
Dans l’ouvrage « Le Livre des Wei (魏書) » écrit par Wei Shou (506-572), il était mentionné qu’il y avait des stupas du roi Ashoka dans quatre endroits en Chine : Luoyang, Linzi, etc.
Arrivé à la dynastie Tang, encore plus de stupas du roi Ashoka avaient été découverts sur le territoire chinois. Dans le traité « Po Xie Lun (破邪論) » écrit par le moine bouddhiste Falin au début de la dynastie Tang, des stupas du roi Ashoka dans six endroits en Chine étaient cités : Luoyang, Linzi, Fufeng, etc, où il y eut des apparitions surnaturelles.
Selon l’ouvrage « Guang Hong Ming Ji (廣弘明集) » écrit par le moine bouddhiste chinois Daoxuan (596-667), il y avait dix-sept sites où se trouvaient des stupas du roi Ashoka.
Dans l’ouvrage « Jishenzhou Gantong Lu (集神州感通錄) », étaient mentionnés dix-neuf sites où se trouvaient des stupas du roi Ashoka. Alors que selon l’ouvrage « La Forêt de Joyaux dans le Jardin du Dharma » écrit par le moine bouddhiste Daoshi de la dynastie Tang, jusqu'à vingt-et-un stupas étaient cités.
 
En Chine, depuis l’apparition du premier empereur, les différentes classes sociales voulaient toutes, peu à peu, participer à la construction des stupas :
Par exemple, le premier ministre Li Deyu (787-850) de la dynastie Tang avait fait un don d’un coffret précieux en or pour enchâsser les reliques du Bouddha découvertes dans une ancienne pagode ; puis, il enterra les reliques sous le stupa du temple Ganlu (甘露寺) qui se trouvait dans l’actuelle province de Jiangsu au sein de la ville de Zhenjiang. Lors de la dynastie Song, les moines de ce temple creusèrent sous le stupa, trouvèrent ce coffret en or et les sept reliques enfermées à l’intérieur. A cette époque-là, c'était un grand événement. Lorsque le grand lettré chinois, Su Dongpo, arriva au temple Ganlu au cours d'un voyage, il écrivit spécialement un poème pour relater cet événement. Lors de la dynastie Song, en 1078, un stupa en fer fut reconstruit sur le même site pour abriter de nouveau ce coffret en or. A cette époque, les fonctionnaires locaux avaient participé à cet événement. En 1960, lors de la restauration de ce stupa en fer, le coffret en or enfermant des reliques et d’autres coffrets en pierre furent découverts. C'était par les inscriptions sur ces coffrets en pierre, qu'au bout d'un millénaire, les gens pouvaient connaître toute l’histoire de ces reliques du temple Ganlu qui furent déterrées et enterrées à plusieurs reprises durant des centaines d'années.
A l’époque de la dynastie Song, le célèbre lettré Su Shi (connu aussi sous le nom de Su Dongpo) avait également fait un don d’un coffret en or afin d’enfermer les reliques tricolores, obtenues par son frère Su Zhe, et de les ensevelir dans un palais souterrain d’une pagode située dans un village (長清縣) de la province de Shandong. Sur le couvercle d’un coffret en pierre déterré, étaient gravées les inscriptions écrites par Su Shi... [ces inscriptions sont en version chinoise uniquement]. Elles relataient clairement l’origine des reliques obtenues par Su Shi. C’était en fait un moine qui les avait dérobées dans un stupa du roi Ashoka, pour les placer dans un lieu sans reliques du Bouddha afin que les gens pussent y construire un stupa pour les vénérer. Concernant la foi sincère des gens envers les reliques à l’époque de la dynastie Song, Su Shi décrivait ainsi les cérémonies de vénération des reliques : « Les moines et les gens non religieux tenaient alternativement les reliques, ils les vénéraient et étaient émus jusqu’aux larmes.»
 

Il y a deux grandes catégories de pagodes chinoises : la pagode bouddhiste et la pagode feng shui. La plupart des pagodes sont de forme carrée ou octogonale. Le nombre d’étages est généralement impair. Les matériaux de construction utilisés sont le bois, la brique, la pierre, etc. Parmi les différents types de pagodes, il y a la pagode au style "pavillon", au style de "fleurs", au style du trône de diamant, au style tombal, etc.

Dans les livres d’histoire chinoise, la vogue de la construction des stupas dans les différentes dynasties de la Chine est mentionnée :

Selon l’ouvrage « Chu Sanzang Jiji (三藏記集) », à l’époque des Trois Royaumes, le moine bouddhiste, Kang Senghui (康僧會), obtint des reliques du Bouddha par miracle ; l’empereur de la dynastie des Wu occidentaux, Sun Quan, édifia des stupas pour les vénérer.
A l'époque de l'empereur Sui Wendi (隋文帝) de la dynastie Sui, la construction des stupas était en vogue dans la plupart des régions de la Chine. Selon l’ouvrage « Guang Hong Ming Ji (廣弘明集) », durant les années 601-602, l'empereur Wendi avait ordonné aux 82 temples de tout le pays d’ériger chacun une pagode. Parmi ces pagodes, celle qui se trouve dans le temple Qixia (棲霞寺), situé à Nanjing dans la province de Jiangsu, est particulièrement renommée. La pagode a une hauteur de 16 mètres, avec cinq étages et de forme octogonale, son socle faisant 17 pouces de haut. Toute la pagode avait été construite en marbre gris foncé, de qualité fine. Cependant, ce qui existe de nos jours a été reconstruit peut-être à la fin de la dynastie Tang. Par la suite, il y eut des constructions ou des rénovations de stupas dans chaque dynastie.
 

La construction des stupas étant devenue en vogue, il n’est pas étonnant que sur tout le territoire chinois, on peut aujourd’hui apercevoir d’anciennes pagodes remarquables, que ce soit dans les villes ou dans les zones rurales, que ce soit dans les montagnes ou dans les déserts. Elles sont grandioses, solennelles, et deviennent souvent un symbole notable d’un lieu. En tout état de cause, leur présence procure aux gens un sentiment à la fois mystérieux et particulier.

Prenons la province de Guangdong comme exemple. De nos jours, il existe plus de trois cents vieilles pagodes, également indissociables de deux grandes catégories de pagodes : la pagode bouddhiste et la pagode feng shui. Il y a principalement onze pagodes faisant partie des pagodes bouddhistes :

1.

La pagode des Fleurs des Six Banians - ayant des liens avec les reliques du Bouddha
La pagode des Fleurs des Six Banians se trouve à l'intérieur du temple des Six Banians à Guangzhou. Le temple des Six Banians fut construit en 537 sous la dynastie Liang et était à l'origine appelé le temple Baozhuangyan (寶莊嚴寺). A l’époque, le moine Tan Yu (曇裕法師), oncle de la mère de l’empereur Wudi (梁武帝) de la dynastie Liang, ramena du Cambodge des ossements du Bouddha. L’empereur fit alors construire le temple Baozhuangyan à Guangzhou et une pagode pour abriter les ossements du Bouddha. Au début de la dynastie Song, un incendie endommagea le temple Baozhuangyan qui fut alors reconstruit en 1086. A l’époque, lorsque la base de la pagode fut creusée, neuf sorties des anciens puits tout autour de cette base furent découvertes, avec au milieu un grand ding (un ancien chaudron chinois), à l’intérieur duquel avaient été enfouies des reliques du Bouddha, trois épées et un miroir. Après la dynastie Song, les dynasties suivantes rénovaient toutes cette pagode pour conserver son aspect originel. Le nom de "Six Banians" provenait du célèbre lettré Su Dongpo : lorsqu’il était de passage à Guangzhou, il fut invité par un moine du temple 淨慧寺 pour attribuer un nom à l’édifice ; il avait alors proposé le nom de "Six Banians", après avoir aperçu six vieux banians à l’intérieur du temple. En 1411, le temple commença à porter le nom de temple des Six Banians. A l’intérieur du temple, la pagode des Fleurs des Six Banians a une hauteur de 57 mètres, constituée de 9 étages et de forme octogonale ; chaque niveau ayant un étage dissimulé, elle totalise 17 étages. Au sommet de la pagode, il y a une colonne en bronze des Mille Bouddhas, sur laquelle sont gravées plus de 1020 statues de Bouddhas et une image de la "pagode précieuse du palais céleste" ; en y ajoutant les autres objets (boules dorées, chaînes métalliques...), elle pèse au total cinq tonnes. La pagode des Fleurs des Six Banians conserve le style architectural et l’art de l’époque Song, ce qui est rare parmi les pagodes chinoises. Après la grande restauration en 1978 et en 1980, l’ancienne pagode, avec une apparence toute neuve, est encore plus pittoresque.

2. Le stupa Zifu (ville de Dongguan) - ayant des liens avec les reliques du Bouddha
Le stupa Zifu est situé à l’intérieur de la ville de Dongguan. Le temple Zifu a été construit en 962 sous la dynastie des Han du Sud grâce à une donation d’une résidence privée par 邵庭琄. En 1100, lors de la dynastie Song, le Maître Zen (祖堂禪師) fit construire une pagode 羅漢閣 à l’intérieur du temple. A l’époque, le grand lettré Su Dongpo, exilé et banni à la ville de Huizhou, lui avait offert une relique du Bouddha. Le Maître Zen la plaça ainsi dans la pagode afin qu’elle fût vénérée par les moines. Il est dit que cette relique provient du cerveau du Bouddha. Elle est en cinq couleurs, avec un diamètre de cinq pouces, une hauteur de deux pouces et pesant 680 grammes (1 catty et 2 tael). En 1283, le temple fut ravagé par le feu, la pagode endommagée et la relique dérobée. La pagode fut restaurée lors de la dynastie Yuan (元大德年) et un commerçant ramena la relique dérobée qui fut ensuite vénérée de nouveau dans la pagode. En 1380, lors de la dynastie Ming (明洪武十三年), le temple fut de nouveau ravagé par l’ouragan, et fut reconstruit plus tard (永樂和正統年). Le stupa qui existe aujourd’hui fut construit par le gouverneur Tang (鄧蓉鏡) sous l’empereur Guangxu de la dynastie Qing (清光緒年間). La pagode a une hauteur de 48 mètres, constituée de 7 étages, avec des boules bouddhistes superposées au sommet et construite tout en marbre. Elle appartient maintenant au patrimoine culturel protégé de la ville.
3. La pagode Guifeng (ville de Heyuan) - ayant des liens avec les reliques du Bouddha
La pagode Guifeng se trouve sur le mont Guifeng, dans la banlieue sud de la ville Heyuan, et a été construite à l’époque Tang. Elle est mentionnée dans le poème de 鄭敬道 (époque Ming)... [ce poème est en version chinoise uniquement].
La pagode a été restaurée sous la dynastie Ming. Elle était profondément ensevelie dans la terre. Elle est haute de 16 mètres, de forme hexagonale, avec 7 étages et construite en brique. Chaque étage a une porte et un escalier hélicoïdal se trouve à l’intérieur pour pouvoir monter jusqu’au sommet de la pagode. La pagode n’a pas de toit. Selon la légende populaire, les êtres célestes avaient construit la pagode dans la nuit, et comme ils entendaient le chant du coq, ils n’avaient donc pas eu le temps de fermer le toit et n’avaient pas achevé leur travail. La pagode a une structure robuste et une apparence majestueuse. Bien qu’il y eût un tremblement de terre de magnitude 6,7, elle ne fut pas impactée. Elle représente le style médian de la pagode en brique bâtie entre l’époque Tang et l’époque Ming, et elle est un élément culturel important pour les études sur les évolutions des pagodes en brique dans la province du Canton.
4. La pagode Yifa - en lien avec les reliques du Sangha
La pagode Yifa se trouve devant le hall du Sixième Patriarche du Zen (Huineng) dans le temple Guangxiao (光孝寺) au sein de la ville Guangzhou. Le temple Guangxiao était à l’origine la résidence du roi Zhao Jiande du royaume Nanyue (南越王趙建德) qui fut transformée en un temple à l’époque des Trois Royaumes, depuis plus de 1700 ans. En 676, à l’époque Tang, le patriarche Huineng résidait dans le temple ; le 8e jour du 2e mois, il devint moine après une cérémonie de prise des préceptes et de tonture de cheveux. Depuis, il fut reconnu officiellement comme le chef spirituel de l'école Zen du Sud. La pagode qui abrite les cheveux du patriarche Huineng se trouve sous un arbre de la Bodhi, avec une stèle commémorative. La pagode a une hauteur de 8 mètres, elle est de forme octogonale, avec 7 étages, chaque étage ayant huit niches bouddhiques, et dans chacune desquelles se trouve une petite statue du Bouddha. A côté de la pagode se trouvent une stèle du Sixième Patriarche, construite à l’époque Yuan, et une stèle représentant l’image de Bodhidharma, le Premier Patriarche de l'école bouddhiste Zen en Chine.
5. 大顛祖師塔 (ville de chaoyang) – [en version chinoise uniquement]
6. 泗洲塔 (ville de Huizhou) – [en version chinoise uniquement]
7. 澹歸石塔 (ville de Qingyuan)
8. 東西鐵塔 (ville de Guangzhou)
9. 白石塔 (district de Xinhui)
10. Pagode des mille Bouddhas (ville de Meizhou)
11. Temple Kaiyuan, pagode des mille Bouddhas (ville de Chaozhou)
 
Les pays bouddhistes ou ceux qui étaient autrefois bouddhistes ont bien sûr des stupas antiques, mais savez-vous que même d’autres pays en ont, comme :
en Corée du Sud : dans le temple Geumsansa ou Montagne Dorée (金山寺) situé dans la province Jeolla du Nord, se trouve un stupa, un édifice en pierre de la fin de l'époque du royaume de Silla. Il a été construit sur deux socles carrés superposés où se trouvent sur chaque côté des sculptures en relief d'êtres célestes, et sur chaque coin des sculptures de formes animales. Le corps du stupa a la forme d’obus, avec un dragon à neuf têtes au sommet, couronné de lotus et de perles précieuses. Il est d’une grande splendeur.
au Japon : la tendance était plutôt la construction de petits stupas en or et en bronze. Selon un texte japonais (四天王寺御手印緣起), il y a un stupa en or et en bronze qui abrite treize perles de reliques. Par ailleurs, les stupas qui se trouvent dans les temples Saidai-ji, Horyu-ji et Toshodai-ji sont aussi très célèbres.
 
Annexes :
Le premier stupa de Bouddha Sakyamuni
en Chine
Le plus grand stupa
du Népal
Le stupa Swayambunath
au Népal
Le Temple Kaiyuan
à Taïwan